Poutine fait marche arrière sur la réforme des retraites
Confronté à une vague de protestation, le président russe Vladimir Poutine a revu son projet de réforme des retraites. Dans un discours télévisé, il a annoncé que le relèvement de l'âge de départ à la retraite pour les femmes serait non pas de huit mais de cinq ans, et serait porté à 60 ans. Il a défendu la nécessité de cette réforme, invoquant de "graves problèmes démographiques". Rétropédalage calculé ou signe de faiblesse ?
Une concession risquée
Le fait que les Russes vont dorénavant devoir travailler cinq ans de plus avant de partir à la retraite en dit long sur la réalité de la situation en Russie, lit-on dans Tages-Anzeiger :
«Il suffit de porter le regard vers les affaires intérieures pour constater la faiblesse de cet Etat qui se dit si puissant. On s'aperçoit vite que la corruption et le contrôle de l'État paralysent le développement et que personne au Kremlin ne sait au juste comment réaliser le grand bond en avant que Poutine a si souvent évoqué depuis le début de son quatrième mandat officiel au Kremlin. Dans son allocution télévisée de mercredi, Vladimir Poutine s'est fait le porte-voix d'une réforme nécessaire mais impopulaire. Une mesure risquée. Les prochains mois montreront si dans cette voie aussi, son peuple le suivra.»
Une fois de plus, le président tire son épingle du jeu
En faisant des concessions sur les détails de la réforme des retraites, comme à son habitude, Poutine a échappé à la guillotine, écrit Der Standard :
«Lorsqu'il est apparu évident que les choses se termineraient en débâcle politique … il a battu en retraite. Les allègements concédés annoncés de manière dramatique dans un discours à la télévision étaient probablement dans les tiroirs depuis des mois. Ils ont été ressortis à l'approche des élections régionales et locales, face au risque que les citoyens laissent libre cours à leur mécontentement. Une manœuvre à la fois tactique et typique du personnage. Une fois de plus, il a conté à ses citoyens l'histoire du bon tsar et des méchants boyards. Mais pourquoi y renoncerait-il de toute façon, puisque cette astuce lui rapporte des points dans les sondages depuis près de 20 ans ?»
Pas l'ombre d'un mea culpa
Sur un mode sarcastique, Ekho Moskvy explique que Poutine rejette sur la population la responsabilité des caisses de retraite vides :
«Poutine nous a présenté son raisonnement en toute franchise. Il s'est demandé où l'on pourrait bien prendre l'argent. Introduire de nouvelles taxes, vendre des propriétés de l'Etat, des réserves de liquidités ? ... Se mettre au travail ? Non, l'idée ne l'a pas effleuré. Si notre économie était vraiment en croissance, l'argent ne manquerait pas. Le problème, c'est qu'à l'aube du nouveau millénaire, alors qu'il y avait de fantastiques opportunités économiques, la Russie de Poutine a fait du surplace pendant près de 20 ans. 20 ans au cours desquels ceux qui débordaient d'énergie et de force ont vieilli et approchent de la retraite. Mais les caisses de retraite sont vides. Et on nous demande aujourd'hui de faire preuve de compréhension.»