Etats-Unis : départ du ministre de la Justice, Jeff Sessions
Au lendemain des élections de mi-mandat, le ministre américain de la Justice Jeff Sessions a annoncé son départ, à la demande du président Trump, selon ses dires. Il sera temporairement remplacé par Matthew Whitaker, directeur de cabinet du ministre sortant. Les chroniqueurs craignent que Whitaker, qui a critiqué publiquement le procureur spécial, ne torpille les enquêtes sur une possible collusion avec la Russie, voire ne classe définitivement l'affaire.
Trump pourrait neutraliser l'Etat de droit
Süddeutsche Zeitung craint qu'avec la nomination du successeur de Sessions, Trump ne veuille influer sur les enquêtes relatives à une ingérence russe :
«On ne peut pas encore le lui reprocher, mais la démission forcée et les sorties abondamment documentées de Trump contre ces enquêtes éveillent les pires craintes. Il serait bon que le prochain ministre de la Justice, à l'instar de son prédécesseur, renonce à superviser les enquêtes pour cause d'impartialité. Mais ce n'est pas l'impression qui s'impose. Trump pourrait larguer l'équivalent juridique d'une bombe atomique : il pourrait neutraliser l'Etat de droit et se placer au-dessus des lois. Le dépouillement des élections de mi-mandat n'était pas encore terminé que Trump avait déjà clairement annoncé la couleur pour ce qu'il restait de son mandat : s'attaquer au système.»
Une attaque contre le procureur
Whitaker, l'homme appelé à prendre le relais de Sessions, inquiète Delo :
«Ce changement déclenche toutes les alarmes, car la direction provisoire du ministère de la Justice ne sera pas assurée par Rod Rosenstein, numéro deux du ministère de la Justice, mais par Whitaker, qui supervisera le travail du procureur spécial Robert Mueller. Cette décision est d'autant plus inquiétante que Whitaker a critiqué le travail de Mueller, et ce à plusieurs reprises, et affirmé qu'en menant les enquêtes sur les finances du président américain, le procureur spécial outrepassait ses prérogatives. Whitaker a indiqué qu'un gel du financement du procureur spécial pourrait mettre fin aux enquêtes. Reste à voir si Mueller sera muselé, ou s'il jettera lui-même l'éponge.»
Les républicains doivent protéger les enquêtes
Il incombe à présent aux républicains de permettre au procureur spécial Robert Mueller de poursuivre son travail, exige Berlingske :
«Une enquête perturbée ou interrompue à un moment inopportun continuera à alimenter les théories conspirationnistes et creusera un peu plus le fossé entre démocrates et républicains. Trump a déjà indiqué que si les démocrates, devenus majoritaires à la Chambre des représentants, en profitaient pour lancer de nouvelles enquêtes contre lui, il répondrait avec sévérité et entamerait des contre-enquêtes. ... Sur ce terrain aussi, Trump défie les institutions démocratiques des Etats-Unis. S'il veut que l'on prenne au sérieux le slogan 'America First', les sénateurs républicains devront prendre Mueller sous leur aile et défendre son droit à conclure, dans les meilleures conditions possibles, son rapport d'enquête.»