Thierry Breton, candidat de Macron à la Commission
Sa première candidate, Sylvie Goulard, ayant été retoquée par le Parlement européen, Macron a fait une nouvelle proposition pour le poste de commissaire au marché intérieur : l'ex-ministre des Finances et actuel PDG du groupe Atos, Thierry Breton. Les médias français critiquent le fait que Breton ait travaillé pour des entreprises sur lesquelles il sera appelé à avoir une influence. Y a-t-il conflit d'intérêts ?
Une réaction de dépit du président français
La proposition de Macron peut tout à fait être comprise comme une provocation, fait valoir Süddeutsche Zeitung :
«Après son fiasco avec Sylvie Goulard, la candidate française retoquée par le Parlement européen en raison de son implication dans des scandales financiers, Macron dépêche à Bruxelles un individu que les puristes de l'éthique considèrent comme la personnification même des conflits d'intérêts. ... Un entêtement typique du président français. Il joue ce faisant un petit jeu risqué, dans lequel il entraîne Ursula von der Leyen. Il avait déjà rejeté sur la future présidente de la Commission la responsabilité de l'échec de sa première candidate. Mais Breton ne peut rien à tout cela : c'est un bon candidat. ... La faiblesse présumée de Breton fait en réalité sa force : il sait de quoi il parle. Si l'on veut qu'un commissaire soit compétent, on ne peut pas lui reprocher dans le même temps d'avoir une expérience pratique approfondie de sa spécialité.»
Des attentes paradoxales
L'opinion publique ne sait elle-même pas vraiment ce qu'elle attend des décideurs politiques, estime L'Opinion :
«Vaut-il mieux nommer à un poste politique celui qui ne connaît rien au secteur dont il aura la charge, ou un spécialiste de la question ? ... Biberonnée aux réseaux sociaux et aux fake news, l'opinion publique a fini par s'enfermer dans un redoutable paradoxe : exiger des politiques qu'ils soient à la fois performants (donc au fait de leur portefeuille) et sans passé (et donc inexpérimentés dans leur matière). Ce conflit fondamental entre la naïveté et l'efficacité devra un jour être tranché. D'ici là, tout aller et retour réussi entre la politique et la vie réelle est bon à prendre.»