Grande-Bretagne : la Royal Navy contre les migrants ?
Le gouvernement britannique veut faire cesser les traversées de migrants dans la Manche. Près de 4 000 migrants auraient déjà rallié les côtés britanniques cette année, soit deux fois plus qu'à la même date l'année dernière. La ministre de l'Intérieur, Priti Patel, a critiqué la France, jugeant son action insuffisante contre les traversées. Elle entend recourir à la Royal Navy pour contraindre ces embarcations à faire demi-tour. La presse du pays est divisée.
Internez-les tous !
The Spectator réclame une approche globalement plus stricte vis-à-vis des demandeurs d'asile :
«Les sempiternelles critiques adressées à la France et la mise en avant de quelques navires de la Royal Navy devant les objectifs ne satisferont pas les électeurs. ... La détention généralisée des demandeurs d'asile et l'expulsion systématique de tous les candidats qui auront vu leur demande rejetée devront être inclus dans cette nouvelle approche. De même, probablement, que des cartes d'identification. Il faudra aussi certainement suspendre la juridiction de la Cour européenne des droits de l'homme et abroger les règles de la Convention européenne des droits de l'homme transposées dans le droit britannique. Et peut-être prévoir, également, des centres de rétention à long-terme hors du territoire britannique pour détenir ceux qui refusent de retourner dans leurs pays d'origine.»
Faire valoir un droit humain n'a rien de criminel
The Guardian fustige les idées du gouvernement :
«Londres, avec son mot d'ordre 'Reprendre le contrôle', choisit la confrontation avec l'UE. Par ailleurs, dépourvus d'alternative au règlement de Dublin, qui permet aux pays de l'UE d'expulser des demandeurs d'asile, les ministres semblent paniquer. Comment interpréter sinon les menaces proférées par la ministre de l'Intérieur, Priti Patel, de recourir à la Royal Navy pour repousser les embarcations en provenance de France ? ... Comment Boris Johnson peut-il affirmer que la traversée de la Manche dans un frêle esquif est une entreprise 'dangereuse et criminelle', alors que la Convention de Genève, qui date de 1951, donne le droit aux gens de voyager et de revendiquer le droit d'asile ?»