Roumanie : violences policières classées sans suite
Le tribunal de Bucarest a décidé mardi d'abandonner l'enquête sur l'intervention policière violente du 10 août 2018. A coup de canons à eau et de gaz lacrymogènes, la police avait alors dispersé les manifestants pacifiques venus par dizaines de milliers réclamer la démission du gouvernement social-libéral. Dans la presse nationale, la déception est immense.
La définition de la tyrannie
Pour Adevărul, la séparation des pouvoirs a clairement été violée :
«Nous sommes non seulement en présence d'une injustice envers les victimes de l'époque, mais aussi d'une grave dégradation du lien entre l'Etat et les citoyens. ... Dans une démocratie, il existe des mécanismes qui garantissent aux citoyens que l'Etat ne transgresse pas les compétences que lui confère le contrat social. A cet effet, la séparation des pouvoirs, définie par Montesquieu [dans l'Esprit des lois], est un instrument fondamental. ... Si l'un des pouvoirs commet un abus, l'un des deux autres pouvoirs peut intervenir pour le corriger. ... La complicité entre la justice et l'exécutif, ligués contre les citoyens qu'ils sont censés servir, donne une définition assez exacte de la tyrannie.»
Le coup de grâce
Ce jugement scelle la fin d'un espoir de renouveau, lit-on sur le portail d'informations Ziare :
«A la fin d'une année caractérisée par un état d'urgence et d'alerte permanent qui n'a cessé de renforcer l'ingérence autoritaire de l'Etat - au nom de la protection de la sécurité sanitaire - la fin définitive de l'enquête du 10 août montre clairement la position de l'Etat face à ses propres abus. Une fois de plus, il nous apporte la confirmation indéniable que nous ne sommes pas égaux devant la loi. La clôture de cette enquête douche les espoirs à l'origine d'un mouvement civique largement suivi. A présent, notre société retourne à son état naturel caractérisé par une déperdition des forces et l'épuisement.»