Pays-Bas : la puissance magnifiante d'un zoom
Diagnostiquée positive au coronavirus, Kajsa Ollongren, du parti D66, a dû quitter précipitamment les entretiens exploratoires en vue de la formation d'une coalition. Des journalistes ont zoomé sur une note qu'elle portait sous le bras à sa sortie et y ont décrypté qu'il serait bon de trouver "ailleurs" un poste pour le député critique Pieter Omtzigt. Celui-ci avait grandement contribué à révéler au public le scandale sur les allocations familiales, qui avait poussé à la démission le gouvernement précédent.
La confirmation de tendances autoritaristes
De Telegraaf fait part de sa grande préoccupation :
«La note controversée montre que la formation d'une coalition s'attache elle aussi à réduire au silence un député dérangeant. Or cette manœuvre ne fait que souligner la critique d'Omtzigt : il y a trop peu de contre-pouvoir en politique. Et quand ce contre-pouvoir sort de la bouche du politique contestataire, le pouvoir essaie de se débarrasser de lui. On ignore qui est à l'origine de la fuite. Mais toute la procédure en dit long sur La Haye, qui considère les contre-pouvoirs comme quelque chose d'encombrant - alors que c'est l'oxygène qui maintient en vie notre système politique. Saper les contre-pouvoirs, c'est détruire la démocratie.»
Le gouvernement champion de la dissimulation
Le puissant appareil gouvernemental saura comment s'y prendre pour maintenir le voile de l'opacité, ironise Sheila Sitalsing, chroniqueuse à De Volkskrant :
«'Le Bureau' [du premier ministre] n'aime pas trop les documents. Aux toilettes, un panneau rappelle une maxime : La franchise nuit à la confidentialité. 'Le Bureau' sait ce qu'il faut faire. Déterrer des documents, produire des documents, le plus de documents possible, pour les déverser sur les nouveaux députés et compter sur les tombereaux de paroles qu'y rajouteront Kajsa Ollongren et Annemarie Jorritsma [qui mènent les entretiens exploratoires de coalition], en espérant que le Parlement ne parvienne pas à tenir la tête hors de l'eau.»