Bilan de l'Euro : les équipes ont assuré, les politiques moins
L'Italie a remporté l'Euro 2020 de football après sa victoire aux tirs aux buts (1-1 a.p., 3-2) face à l'Angleterre à Wembley, devant 60 000 spectateurs. Si les éditorialistes ne tarissent pas d'éloges sur les deux équipes au lendemain de la finale, ils critiquent le déroulement du tournoi en pleine pandémie.
L'étoile italienne brille à nouveau
Les Azzurri ont fait l'unanimité en Europe, souligne L'Equipe :
«C'est l'équipe la plus joueuse, au fond, qui a gagné. Celle derrière laquelle tout un continent ou presque s'était rangé avant le match. Celle d'un sélectionneur, Roberto Mancini, qui a su lui redonner son lustre perdu après le fiasco de la non-qualification pour la Coupe du monde 2018 (34 matches sans défaite désormais). Celle de deux papys incassables, Leonardo Bonucci et Giorgio Chiellini, 70 ans à eux deux.»
L'Angleterre, l'équipe des causes nobles
Une victoire anglaise n'aurait pas déplu à La Stampa :
«Car si leur équipe n'est pas la meilleure de toutes sur le terrain, elle l'est certainement sur le plan éthique, grâce à l'engagement de ses joueurs contre les inégalités, le racisme, les incompréhensions et les divisions. Sterling, Rashford ou Kane ne sont pas des joueurs comme les autres, qui pensent seulement à leurs revenus et à comment caser la nouvelle Lamborghini entre deux Ferrari dans leur garage. Les fans les apprécient parce qu'ils jouent bien, mais aussi pour leur engagement dans des causes qui leur tiennent à coeur. S'ils avaient remporté l'Euro, ils auraient donné encore plus de visibilité à des causes qu'ils promeuvent personnellement ; ils auraient été plus écoutés et auraient mieux pu relayer les demandes de la société multiethnique anglaise.»
Le gagnant, c'est le Covid
Une grand-messe du football sans masques en plein pandémie ? Un concept que Diário de Notícias a du mal à comprendre :
«Tout cela a été cautionné par la plus irresponsable de toutes les organisations européennes : l'UEFA. En raison de son avidité, les images de stades remplis de spectateurs sans masques ont fait le tour du monde. ... Pandémie et confinements ont rendu notre mémoire fortement sélective et rouillé notre capacité de discernement. ... Aveuglés par le luxe dont nous bénéficions en Europe, nous occultons le fait que seuls 0,4 pour cent des vaccins ont été distribués aux pays pauvres et qu'un quart seulement de la population mondiale est protégé. ... L'OMS l'a déjà dit : nous sommes complices d'une 'catastrophe morale' et il y aura un retour de flammes : nous ne nous débarrasserons pas du virus.»
Un tournoi instrumentalisé
Corriere del Ticino s'irrite de l'assouplissement des règles pour les demi-finales et la finale de l'Euro à Wembley :
«Voilà un autre symbole, mis en avant avec une certaine superficialité par le Premier ministre Boris Johnson, lequel, indépendamment de l'issue défavorable du tournoi, en a fait un instrument géopolitique. Il n'y a pas d'autres explication possible à la décision de porter la capacité de Wembley à 75 pour cent - délirante d'un point de vue sanitaire. L'UEFA, qui s'est peut-être sentie redevable envers Johnson en raison de son soutien dans la lutte contre la Superligue, a été obligée de donner son assentiment à l'initiative de Johnson. Et donc de maximiser en termes commerciaux une formule controversée, à laquelle l'UEFA a dû s'adapter, comme l'a reconnu son président, Aleksander Čeferin.»