Monarchie espagnole : vers plus de transparence ?
Le roi d'Espagne Felipe VI a rendu public lundi le montant de son patrimoine, qui s'élève à 2,6 millions d'euros. Mardi, le gouvernement a adopté par décret une réforme structurelle de la maison royale. Dorénavant, la Cour des Comptes contrôlera chaque année le budget royal, comme elle le fait pour les partis politiques et les institutions publiques. Une initiative dont les chroniqueurs espagnols ne font pas grand cas.
Une loi est nécessaire
Pour El Periódico de Catalunya, cette évolution ne va pas assez loin :
«Le geste de Felipe VI est remarquable, car certaines des grandes monarchies d'Europe - celles du Royaume-Uni, de Belgique et des Pays-Bas - sont tout aussi opaques sur ce point que la monarchie espagnole l'a été jusqu'à présent. ... Les deux initiatives sont positives, mais insuffisantes. Le roi, par exemple, a divulgué son patrimoine de son propre chef, sans que personne ne le pousse à le faire. ... D'autres mesures s'imposent : l'inviolabilité du monarque se limitait jusque-là aux actes publics, le privé en était exclu. ... Il faut mettre en place un dispositif, par le biais de la 'loi sur la couronne', si souvent remise à plus tard et visiblement retoquée, ou par le biais d'ordonnances de décrets.»
Le symptôme de carences démocratiques
Ctxt.es juge tout ceci déplorable :
«Le fait que le PP et le PSOE aient négocié et se soient entendus secrètement avec la maison royale souligne d'une part l'extrême faiblesse d'une institution décrédibilisée par les excès de Juan Carlos, d'autre part les carences démocratiques de la monarchie parlementaire. ... Le plus scandaleux, c'est que la maison royale n'ait transmis ces informations qu'aux partis jugés 'constitutionnalistes'. ... Tout le reste n'est que bonnes intentions et paroles en l'air. ... Au lieu de débattre au Parlement d'une loi sur la modernisation de l'institution, la couronne a préféré concocté une réforme a minima avec les deux grandes forces politiques du pays.»