Tollé après les propos antisémites de Lavrov
Interviewé par la chaîne italienne Rete 4, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a réitéré que la Russie faisait la guerre pour "dénazifier" l'Ukraine. Il a également fait un parallèle entre les origines juives du président Zelensky et le prétendu "sang juif" de Hitler. Des propos dont Israël s'est indigné. Les chroniqueurs y voient une dérive funeste, qui pourrait aussi menacer les pays de l'UE.
La folie n'innocente pas
La justification selon laquelle l'Ukraine serait dirigée par des nazis vient de prendre un tour encore plus absurde avec Lavrov, juge Frankfurter Allgemeine Zeitung :
«Ses spéculations sur l'origine d'Adolf Hitler et les conclusions qu'il en tire, à savoir que les juifs auraient été eux-mêmes les plus grands antisémites, montrent une nouvelle fois qui sont les véritables racistes et les criminels. Ce mode de pensée est bien connu : d'autres personnes, que l'on juge inférieures, entendent vivre autrement. Si d'aventure elles ont un niveau de vie supérieur, la jalousie se transforme en haine, puis en volonté d'extermination. Et dans le pire des cas, cette soif d'extermination se concrétise. Lavrov a révélé une fois de plus la mentalité de la 'terre et du sang' qui prédomine au Kremlin. La folie est évidente. Mais elle ne disculpe pas.»
La frénésie destructrice du Kremlin
Dans sa chronique pour NRC Handelsblad, le spécialiste de la Russie Hubert Smeets appelle à ne pas sous-estimer les intentions de la Russie :
«Les principaux hommes de main de Poutine redoublent d'agressivité. Une frénésie où la rhétorique d'extermination le dispute à l'antisémitisme voilé. ... Aujourd'hui, après dix semaines de guerre, il est évident que le Kremlin ambitionne d'anéantir la souveraineté politique et culturelle ukrainienne, et de liquider aussi au final l'ordre juridique européen. ... Si nous ne parvenons pas à comprendre enfin que le régime du Kremlin est mû par des considérations idéologiques, alors cela risque de devenir un péril pour nous aussi.»
La propagande russe s'attaque à la Suède
Après l'annonce de la volonté de la Suède d'intégrer l'OTAN, une campagne d’affichage initiée en Russie accuse les Suédois de soutenir le "nazisme". Aftonbladet met en garde :
«La guerre de propagande contre la Suède s'intensifiera et celle-ci nous présentera comme des individus sans scrupules, au moins aussi dangereux que les Ukrainiens. Il y aura des campagnes sur les réseaux sociaux, peut-être aussi des menaces ou des violences contre des personnes ou des cyberattaques . ... L'approvisionnement en électricité est un autre point sensible. ... Cette campagne ne s'adresse pas à la Suède, mais à la population russe. Il s'agit de lui faire comprendre, petit à petit, que les Suédois sont des ennemis. L'objectif est de rendre plus acceptable l'hypothèse d'une guerre contre la Suède, avec ou sans armes conventionnelles.»