La Russie prend la tête du Conseil de sécurité de l'ONU
La Russie a pris la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU, conformément au principe de rotation en vigueur. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, y voit une "gifle au visage de la communauté internationale". Membre permanent du Conseil de sécurité et disposant du droit de veto, la Russie est en position de force à l'ONU. La presse s'interroge sur cet état de fait.
Le statut de la Russie n'est pas gravé dans le marbre
Exclure la Russie du Conseil de sécurité enverrait un bon signal, estime le quotidien Tagesspiegel :
«Est-ce une perspective envisageable ? Il faudra que la communauté d'Etats le désire. On peut néanmoins remettre en question l'adhésion de la Russie, en invoquant l'argument qu'elle n'a jamais vraiment fait l'objet d'un vote. Après l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, la Russie avait simplement sollicité ce siège, sans résistance internationale. Un statut douteux - et un statut qui ne devrait pas rester intangible aux Nations unies. ... Car l'action du pays est contraire à la paix dans le monde et à ses engagements de membre permanent du Conseil.»
Les Nations unies sont une fiction
Delfi n'a aucun espoir de voir des changements s'opérer :
«L'ONU est victime de la naïveté d'après-guerre de l'Occident, qui a conduit à mettre les droits des agresseurs sur le même plan que ceux de leurs victimes, voire même à les placer au-dessus. Moscou avait été exclue de la Société des Nations après l'invasion de la Finlande [1939/40]. Après avoir attaqué l'Ukraine et commis des milliers de crimes de guerre, la Russie prend la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU. L'ONU est devenu une fiction. Une fiction dont nous devons tous nous arranger, puisque les dictateurs, à la solde de la Russie et de la Chine, n'accepteront jamais une réforme.»
Un forum où l'on peut échanger directement
S'il a des limites évidentes, le Conseil de sécurité de l'ONU reste utile, fait valoir Polityka :
«Le rapport de force institué dans les années 1940 n'a pas suivi l'évolution des réalités internationales. La guerre d'agression russe en Ukraine a une nouvelle fois révélé cette déconnexion des réalités et démontré la faiblesse principale du Conseil de sécurité : l'impunité d'un membre permanent qui bafoue la charte de l'ONU. ... Mais on peut aussi considérer la chose sous un autre angle. ... En général, le contact direct apaise les esprits. Le Conseil de sécurité reste donc un forum constant, dans lequel les Etats les plus puissants se rencontrent régulièrement, qu'ils le veuillent ou non.»