Primaires argentines : un véritable virage à droite
Le politique d'extrême droite ultralibéral Javier Milei, qui veut supprimer la banque centrale et nie le changement climatique, a remporté les primaires en Argentine, à la surprise générale. Avec plus de 30 pour cent des voix, son parti devance le parti libéral Juntos por el Cambio de la candidate Patricia Bullrich (23,8 pour cent des voix) et l'alliance au pouvoir Unión por la Patria du candidat Sergio Massa (27,3 pour cent). La presse fait part de ses inquiétudes avant l'élection du mois d'octobre.
Un populiste qui profite des crises
Milei capitalise sur l'instabilité de l'Argentine, lit-on sur le portail de France Inter :
«Non seulement le pays s'est fait déclasser en termes de PIB par habitant par le voisin chilien, mais la Colombie qui pourtant part de beaucoup plus bas, commence à rattraper Buenos Aires ! Si vous ajoutez à cela une corruption endémique et également partagée à droite et à gauche, vous obtenez un populiste vengeur comme Javier Milei en tête des sondages. Il faut ajouter à cela un contexte politique particulier : la gauche au pouvoir en Argentine a certes fait adopter de grandes lois progressistes, comme celle sur l'avortement ou le mariage homosexuel, mais n'a jamais vraiment réussi à réduire la pauvreté qui frappe encore 40 pour cent de la population. Et généralement, ce type d'échec ou de contradictions se paient très cher dans les urnes.»
Un terreau pour les radicaux en Amérique latine
El Mundo redoute une contagion :
«Armé d'un discours ultra-libertarien allant jusqu'à promettre 'la mise à feu' de la Banque centrale argentine, le libre accès aux armes, l'interdiction de l'avortement, la privatisation de l'éducation et de la santé, l'expulsion des politiques 'par coup de pied au cul' et l'autorisation de la vente d'organes, Milei cherche à capitaliser sur l'indignation des citoyens - notamment des jeunes. ... Son exemple pourrait faire école sur un continent marqué par l'instabilité et l'insécurité. ... L'Equateur élira un président le 20 août, alors que le pays est en état d'urgence suite à l'assassinat d'un des candidats. Les élections au Guatemala, qui auront également lieu ce jour-là, sont elles aussi marquées par la violence et la pauvreté. Un contexte qui favorise souvent les formations les plus radicales.»
De funestes antécédents
Les projets économiques et budgétaires de Milei nuiraient considérablement au pays, prévient The Times :
«L'Argentine s'était déjà essayée à 'dollariser' son économie dans les années 1990, pour gagner en crédibilité aux yeux des investisseurs étrangers. Cette approche n'avait pas réussi, et le pays avait dû payer le prix fort pour abroger cet arrimage monétaire, car il continuait à enregistrer des déficits budgétaires considérables et à maintenir de sévères restrictions sur le marché du travail. Lorsqu'une économie ne parvient pas à s'adapter rapidement à un choc externe comme l'évolution soudaine des prix des matières premières mondiales - en actionnant le levier de son taux de change - cela conduit inévitablement à la récession et au chômage.»