Israël : pourquoi Nétanyahou dissout-il le cabinet de guerre ?
Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a dissous le cabinet de guerre israélien. Il entend ainsi réagir aux démissions de deux généraux issus de l'opposition centriste plus modérée, et à l'insistance de deux ministres d'extrême droite désireux d'intégrer ce cabinet. Celui-ci avait été mis sur pied après les attaques du Hamas, et prenait les décisions de guerre en petit comité et de manière confidentielle. La presse européenne analyse les raisons de cette décision.
Un accord pour ne pas perdre les armes américaines
A l'origine de cette décision, il y a l'appel lancé par Nétanyahou à Washington, à savoir lever les restrictions sur les livraisons d'armes à Israël, juge Corriere della Sera :
«La réponse des Etats-Unis a été : d'accord, mais à une condition. Il n'y aura pas d'armes supplémentaires si le conflit dans le nord du pays est mené de la même façon que celui à Gaza, c'est-à-dire sous la pression des deux ministres d'extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir. ... Nétanyahou est resté pragmatique, il a écouté et il a pris sa décision en quelques heures. Il a dissous le cabinet de guerre, qui avait été mis sur pied après les attaques du Hamas. ... Dorénavant, Nétanyahou mènera sa propre barque, flanqué du ministre de la Défense, Yoav Gallant, et du ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer.»
Un signe d'isolement et de vulnérabilité
La pression - nationale et internationale - s'accroît sur le Premier ministre, selon The Irish Times :
«Le ministre de la Sécurité nationale, l'ultranationaliste Itamar Ben Gvir, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, avaient exigé de faire partie du cabinet de guerre. Pour les en empêcher, Nétanyahou a tout simplement choisi de le dissoudre. La conduite de la guerre est désormais l'apanage d'une poignée d'acolytes, prenant leurs décisions en vase clos. Le grand mouvement de contestation dans le pays, la désintégration de la coalition, l'extension des attaques israéliennes, de Gaza à la Cisjordanie, et les accrochages à la frontière libanaise sont autant d'éléments qui reflètent un moment d'extrême vulnérabilité et d'isolement croissant pour Israël, notamment pour son gouvernement extrémiste.»
Sans guerre, pas de soutien à Nétanyahou
Nétanyahou n'a personnellement aucun intérêt à ce que la guerre s'achève rapidement, juge Pravda :
«Dès qu'Israël fera taire ses armes à Gaza, débutera le compte à rebours de la carrière politique de Nétanyahou, entachée par des accusations de corruption et de fraude, et par les failles de sécurité qui ont engendré les attaques du 7 octobre. Bien que des pointures de l'administration Biden, et le président Biden lui-même, n'aient pas caché leur frustration quant à l'action déplorable de Nétanyahou à Gaza et le franchissement de plusieurs lignes rouges fixées par la Maison-Blanche, le soutien diplomatique et militaire de Washington à Israël reste intact. Il est même prévu que Nétanyahou s'exprime en juillet devant les deux chambres du Congrès, où on lui réservera certainement une 'standing ovation'.»