Election de Trump : quelle sera la réaction de l'Europe ?
A partir de janvier 2025, les Etats-Unis seront gouvernés par un président, Donald Trump, qui suscite le scépticisme de la plupart des Européens. Les sondages montrent en effet qu'une majorité d'entre eux aurait préféré une victoire de Kamala Harris. La presse se penche sur les implications de la présidentielle pour l'Europe.
Un cauchemar pour Bruxelles
L'UE et l'OTAN ont été prises au dépourvu par la victoire de Trump, juge Tages-Anzeiger :
«On peut douter que Donald Trump envisage réellement de jouer le jeu de la coopération. Il n'y a qu'un vainqueur à ses yeux, et ce doit être l'Amérique. Dans le dessein de protéger l'économie américaine de ses concurrents, il a annoncé pendant la campagne toutes sortes de droits de douane - qui risquent notamment de malmener l'économie européenne. Le scénario cauchemar pour Bruxelles et la plupart des gouvernements européens s'est concrétisé. L'UE et l'OTAN ne s'étaient pas vraiment préparées à un come-back, ce qui leur porte préjudice aujourd'hui.»
Peut-être un choc salutaire
Le retour de Trump aux affaires peut aussi être un tremplin qui permettra aux Européens de mieux rebondir, fait valoir Echo24 :
«Le changement à la tête du gouvernement américain donnera à coup sûr du fil à retordre à l'Europe. Il faut s'attendre à ce que Donald Trump défende sans ménagements les intérêts américains. Après le ralentissement économique que la mise en œuvre du Pacte vert a infligé à l'Europe, l'introduction de droits de douane sur les importations européennes vers les Etats-Unis pourrait lui asséner un coup supplémentaire. Mais toutes ces épreuves pourraient amener l'UE à changer de cap, à suivre un traitement de choc à marche forcée. Plusieurs fois déjà, les Etats-Unis ont sauvé l'Europe. Paradoxalement, la victoire incontestable de Trump peut contribuer à notre convalescence.»
Un véritable test
Il n'est pas certain que l'Europe ait consciente de ce qui fait sa propre identité, fait valoir De Morgen :
«Le risque majeur, c'est que nous, les Européens, surévaluions la vigueur de nos Etat de droits et de nos Etats-providences. Si Trump conclue des affaires avec Poutine et consorts, et compromet son propre Etat de droit, défendrons-nous encore, avec autant d'ardeur, notre démocratie libérale ? Les résultats électoraux et les coalitions gouvernementales - de l'Allemagne à la Suède en passant par l'Italie et les Pays-Bas - racontent une toute autre histoire. Oui, nous allons devoir investir dans notre propre défense. Mais la question fondamentale, c'est de savoir quelle Europe, quelle Union nous voulons défendre au juste. Et la réponse ne devra pas rester lettre morte.»
L'Europe doit changer son fusil d'épaule
Bruxelles ne s'est pas suffisamment préparée à un nouveau mandat de Trump, renchérit le quotidien Frankfurter Rundschau :
«Si elle veut subsister dans un monde de plus en plus rude, l'UE devra enfin engager les réformes sans cesse reportées, comme la fin du vote à l'unanimité, afin d'accélérer la prise de décisions politiques. ... Le seul moyen de limiter les pertes commerciales avec les Etats-Unis, son premier partenaire, c'est de tisser des liens plus étroits avec le pays - ce qui attiserait le conflit avec la Chine. Le recul des exportations que cela entraînerait devrait alors être compensé par l'exploration de nouveaux marchés en Afrique et en Asie. La politique de défense reste le plus gros défi pour les Etats de l'UE. Trump exigera à nouveau que ceux-ci investissent davantage dans leurs armées respectives.»
Une aubaine pour les chevaux de Troie de Moscou
Les force europhobes flairent l'opportunité, assure G4Media.ro :
«Tous ces 'idiots utiles' de Moscou se transformeront du jour au lendemain en chantres de l'Amérique. ... Ceci ajoutera un peu plus à la confusion idéologique et aidera la Russie à faire passer ses agents d'influence pour des pro-américains. Ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle pour la Roumanie que Trump encourage les mouvements souverainistes [juste avant la présidentielle et les législatives]. Car ces mouvements sont essentiellement composés de partis extrémistes, europhobes et anti-occidentaux, comme l'AUR en Roumanie ou le Fidesz en Hongrie. [Le Premier ministre hongrois Viktor] Orbán est déjà le cheval de Troie de la Russie dans l'UE, et à partir d'aujourd'hui, il sera aussi l'apôtre de Trump en Europe. Bref, la victoire de Trump signifie aussi la 'normalisation' de ces personnages.»
Quel leader pour l'Occident ?
Rzeczpospolita constate un vide de pouvoir :
«Actuellement, aucun dirigeant en Europe n'est en mesure de reprendre les rênes de la communauté occidentale si Trump, conformément à sa doctrine isolationniste, laisse le champ libre. La France et l'Allemagne traversent actuellement de graves crises politiques. Le Premier ministre britannique dispose certes d'un mandat fort après les dernières élections, mais se trouvant 'hors de l'UE', il est peu probable qu'il puisse assurer un tel leadership. En Pologne, le gouvernement de Donald Tusk et du ministre des Affaires étrangères, Radosław Sikorski, a les coudées franches, mais il n'est pas certain que les défis posés par les problèmes politiques nationaux lui permettent de saisir cette opportunité historique et de jouer un rôle qui dépasse le poids réel de la Pologne sur la scène internationale.»