Présidence Trump : quel rôle pour Elon Musk ?

Sous la présidence de Donald Trump, Elon Musk sera à la tête d'un "département de l'efficacité gouvernementale". Un organe consultatif censé aider la future administration à lutter contre les "régulations superflues" et le "gaspillage de fonds publics", et à restructurer les institutions fédérales, a indiqué Trump mardi. Une annonce problématique à plusieurs égards, juge la presse européenne.

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De Standaard (BE) /

L'heure de la revanche a sonné

Tout cela ne laisse rien présager de bon, écrit De Standaard :

«Abolir des réglementations superflues est en soi une bonne idée. Mais confier cette tâche à quelqu'un qui s'est déjà fait taper sur les doigts par les autorités n'est pas une bonne idée. ... Musk pourrait abuser de sa fonction pour se débarrasser de fonctionnaires qui l'ont rappelé à l'ordre par le passé ou pour supprimer des régulations susceptibles de nuire à ses intérêts commerciaux. Quelqu'un qui, à plusieurs reprises, a foulé aux pieds les lois est disqualifié d'emblée pour ce poste. Ceci n'est probablement qu'un avant-goût de la manière dont Trump veut mener sa présidence. L'arbitraire, le népotisme et les intérêts commerciaux pourraient venir à prévaloir sur l'intérêt général.»

Aargauer Zeitung (CH) /

La Silicon Valley se frotte les mains

Les entreprises de Musk vont au-devant d'une époque florissante, écrit la spécialiste en communication Miriam Meckel dans une tribune à Aargauer Zeitung :

«Elon Musk n'est qu'une pièce dans le grand puzzle de cette nouvelle stratégie d'apaisement [entre les grands groupe technologiques et la future administration américaine], mais une pièce centrale. Plus que quiconque, Musk incarne l'interdépendance croissante entre technologie et influence politique. Lui aussi peut s'attendre à ce que ses entreprises profitent de sa proximité de Trump. SpaceX collabore avec la NASA et le ministère de la Défense, ils sont liés par des contrats de plusieurs milliards de dollars. Le gouvernement américain soumet Tesla à la réglementation de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA). Quand Musk sera en charge de l'efficacité gouvernementale, il pourra éliminer les obstacles qui le gênent dans ses propres affaires.»

The Guardian (GB) /

Vers un avenir cruel

La création de ce nouveau département et l'homme chargé de le diriger inquiètent The Guardian :

«Cela aura un impact négatif sur ceux qui bénéficient d'allocations de l'Etat. Cela aura un impact négatif sur l'environnement. Cela aura fort probablement un impact négatif sur la création culturelle. ... Musk est sous le feu des projecteurs. Il n'a aucune expérience de la politique, ne se soucie pas le moins du monde du service public, et son narcissisme flagrant n'a rien à envier à celui de Trump. ... Comme lui, Musk se sent victorieux quand il ressent la poussée d'endorphines déclenchée par le spectacle de cruautés infligées à autrui.»

El Mundo (ES) /

Des répercussions globales

El Mundo pense que la nomination de Musk pourrait aussi avoir un impact majeur :

«L'influence de Musk dépasse largement les frontières américaines. Ses entreprises sont stratégiques du point de vue géopolitique. Ses décisions ont une portée incalculable. Starlink a aidé l'Ukraine sur le plan des communications ; la plateforme X a laissé proliférer la propagande russe sans la filtrer ; et Tesla a une influence considérable sur les relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.»

Der Standard (AT) /

La perspective d'une paix imposée à l'Ukraine

Les choix de Trump sont de mauvais augure pour Kyiv, écrit Der Standard :

«Musk aura non seulement les coudées franches pour amaigrir l'Etat, mais il participe aux appels de Trump avec des chefs d'Etat et il a ses entrées dans son bureau. Le patron de Space X est définitivement devenu l'influenceur politique le plus puissant des Etats-Unis – et partant, du monde entier. Un grand magnat aux commandes du nouveau gouvernement, affranchi des structures étatiques et avec des prérogatives étourdissantes. L'Ukraine n'est pas la seule à être tributaire de ses satellites de Starlink pour accéder à Internet, par exemple. Le milliardaire peut décider de bloquer l'accès à un client ou à un pays entier. Combiné à la nomination de Marco Rubio aux Affaires étrangères, cela pourrait aboutir à une paix imposée par diktat à l'Ukraine.»

Corriere della Sera (IT) /

Deux mâles alpha

Cette décision ne manquera pas de provoquer des conflits, assure Corriere della Sera :

«Reste à savoir si [la rumeur évoquant le] mécontentement du reste de l'équipe est dû au fait que Trump, fasciné et distrait par Musk, écoute moins ses plus proches collaborateurs, ou s'il est lui-même mal à l'aise, peu habitué à avoir à ses côtés une figure aussi puissante et visible qui cherche à lui forcer la main. ... Il était clair dès le départ que la cohabitation de deux mâles alpha serait problématique. Des rumeurs en provenance de Mar-a-Lago affirment que Musk ne cache pas qu'il attend de la gratitude, un mot inexistant dans le vocabulaire de The Donald. Trump reste toutefois maître de la situation, notamment parce qu'Elon, entrepreneur de son état, ne peut pas entrer officiellement dans l'administration.»