Roumanie : Ilie Bolojan investi président intérimaire
La Roumanie a un nouveau chef d'Etat : Ilie Bolojan, qui assurera l'intérim jusqu'au nouveau scrutin prévu en mai. Klaus Iohannis avait annoncé sa démission – son mandat avait déjà touché à son terme après l'annulation de la présidentielle en 2024. Après une carrière dans la politique locale, le libéral-conservateur Ilie Bolojan avait été nommé président du Sénat en décembre. Les médias roumains ne voient pas son parcours comme un handicap.
L'occasion de restaurer le crédit
La personne de Bolojan pourrait réhabiliter la fonction, écrit le service roumain de Deutsche Welle :
«Une tâche ingrate incombe à Ilie Bolojan : rendre sa crédibilité à la fonction présidentielle et réengager le dialogue avec le peuple. ... Le président par intérim pourrait aussi faire la lumière sur les dépenses et les coûts excessifs de son prédécesseur et expliquer les complications du scrutin, qui a mis le pays sens dessus-dessous en décembre. S'il garde le sens des économies qui l'a caractérisé jusqu'à présent, ainsi que la modestie qui est le propre des habitants de la Transylvanie, il a de bonnes chances de restaurer les rapports entre le pouvoir et la société, ainsi que la crédibilité de la plus haute fonction de l'Etat.»
Il montrera s'il est à la hauteur
Même si le gouvernement a déjà désigné un autre candidat, G4Media.ro pense que Bolojan pourra exercer la fonction au-delà de l'intérim :
«Pourquoi la candidature de Bolojan en mai aurait-elle plus de chance que toutes les autres ? Parce que la fonction de président par intérim fait office de trampoline électoral – tous ceux qui entrent au palais présidentiel sont propulsés dans la vie politique. Cette fonction lui confère une visibilité et une présence maximales et la possibilité de prouver aux autres qu'il est à la hauteur. Mais elle peut aussi bien sûr mettre en évidence ses limites. Pendant toute sa carrière, Bolojan a occupé uniquement des postes dans l'administration locale – il a été maire et conseiller départemental. Il n'a jamais joué dans la cours des grands. Mais le poste de président par intérim lui donne un avantage concurrentiel.»
Tirer des conséquences de la crise
La Roumanie est à un tournant, estime Jurnalul National :
«La démission de Iohannis est plus qu'un acte politique : c'est aussi le symbole de la fragilité des cercles dirigeants d'un Etat aux prises avec ses démons institutionnels. Les questions soulevées par ce départ ne portent pas seulement sur les décisions prises par un seul homme, mais aussi sur tout un système, qui favorise l'accumulation de pouvoir et l'opacité, et dans lequel les dirigeants ne rendent de compte à personne. La Roumanie a désormais la possibilité de transformer cette crise en un véritable tournant ; de se demander non seulement qui doit diriger le pays, mais aussi suivant quelles modalités.»