Interdiction du voile : la CJUE prend position
Un employeur a le droit d'interdire à son employé le port d'un foulard dans la mesure où il n'autorise aucun signe religieux ou philosophique, d'une manière générale. Telle est la décision de principe rendue par l'avocate générale de la Cour de justice de l'Union européenne. La Cour devrait-elle suivre cette recommandation ?
Une sage décision
Deutschlandfunk adhère sur toute la ligne à la décision de principe rendue par la CJUE :
«Elle est raisonnable ; elle repose sur une argumentation solide ; elle n’encourage en aucun cas la discrimination directe sur le lieu de travail en raison de convictions religieuses. Elle ménage aux entreprises la marge de manœuvre requise pour interdire ou non à leurs collaboratrices de porter le foulard. … La plaignante avait pleine connaissance de la politique suivie par l’entreprise dans un environnement de travail qu’elle avait librement choisi – y compris de l’interdiction de port du voile. Inversement, quiconque rechercherait un environnement de travail où le port du voile serait obligatoire pour tout le monde aurait la possibilité de s’adapter pour remplir un critère à l’emploi. Ou de ne pas s’adapter. Et renoncer à un emploi. La CJUE explique en quoi il ne s’agit pas d’une discrimination directe, à juste titre interdite, et étaye sa décision par une justification tout à fait cohérente.»
Le débat sur la religion et les préjugés reste inchangé
La mise en application par la CJUE de la décision de principe de son avocate générale risquerait de compliquer encore plus les choses, redoute pour sa part Zeit Online :
«Partout dans l’UE, les employeurs pourraient alors décider d’interdire systématiquement toutes les croix, foulards, insignes de partis ou badges contre le nucléaire. Ce serait une position claire et équitable, car personne ne serait discriminé, puisque tout le monde serait soumis aux mêmes restrictions. A ceci près que ceux qui, à l’avenir, banniront tout simplement de leur entreprise tous les signes religieux, croyant que toute femme portant le voile est radicale, soumise et dangereuse, la discriminera tout de même – de même qu’il discriminera son collègue qui voulait poser un bouddha sur son bureau. ... Cette décision de la CJUE ne met pas un terme définitif au débat houleux sur le port du voile. Car bien souvent, les raisons de le porter ou de l’interdire ne sont pas objectives. Entre traditions, obligations religieuses, convictions, peurs ou préjugés, il faut faire la part des choses. Et on n'y arrivera pas toujours.»