La Banque d'Angleterre peut-elle empêcher la récession ?
Afin de lutter contre la récession suite au vote sur le Brexit, la banque centrale britannique a abaissé son taux directeur au plus bas de 0,25 pour cent. Elle a également décidé de renforcer son programme de rachat d'obligations, mais aussi - et c'est une nouveauté - de titres privés. Si ceci offre un répit au pays, Londres devra tout de même indiquer clairement et rapidement le cap qu'empruntera le pays, soulignent les commentateurs.
Au gouvernement d'agir
La banque centrale britannique ne pourra à elle seule amortir le choc du Brexit, prévient The Financial Times :
«La Banque d’Angleterre peut compenser la subite crise de confiance et permettre l’adaptation en douceur de la Grande-Bretagne à cette 'nouvelle réalité', pour reprendre la formulation du directeur de l’institution, Mark Carney. Mais la banque ne pourra pas faire grand-chose pour changer la réalité. Le Brexit a généré un choc au niveau de l’offre, qui sera associé à un fort recul des investissements dans les années à venir. Le développement à long terme de la Grande-Bretagne dépendra de la capacité du pays à développer son commerce avec d’autres Etats et de sa propension à améliorer sa faible productivité. Le stimulus politico-monétaire de la Banque d’Angleterre aura peut-être accordé un répit aux politiques. Mais le gouvernement devra émettre des impulsions politico-financières ciblées tandis qu’il décidera de la forme que prendra le Brexit et qu’il entamera les négociations.»
La politique doit prendre le relais
Ce sont les décisions politiques qui font défaut, et non les liquidités, critique le journal économique Il Sole 24 ore :
«Cette crise est liée à des facteurs endogènes, c’est-à-dire qu’elle a été provoquée par une décision politique qu’on a eu l’audace de confier au peuple, et ce, uniquement pour clarifier les rapports de force au sein du Parti conservateur. … Tous les regards se tournent désormais vers la Banque d’Angleterre, dans l’espoir qu’elle disposera dans ses coffres du 'bazooka' habituel, qui pourrait se transformer en arme miracle. Dégainer la 'Grosse Bertha', pour rester dans le jargon militaire, serait une décision politique, et c’est justement de décisions politiques dont nous avons besoin. … Londres a jeté les jalons - notamment un ministère du Brexit - d’une longue transition du monde d’hier vers celui de demain. Mais l’heure n’est pas aux atermoiements. Et on ignore encore quel cap Londres a réellement l’intention d’emprunter.»
Des répercussions négatives pour l'Europe
Toute l’Europe ressentira les conséquences du vote sur le Brexit, redoute El Periódico de Catalunya :
«Depuis le Brexit, l’économie britannique est en difficulté, comme on le voit dans le secteur des services, qui représente 80 pour cent du PIB. Il s’est fortement rétracté depuis le 23 juin - d’une ampleur inédite depuis sept ans. Les secteurs de l’industrie et du bâtiment sont également au point mort et la livre sterling s’affaiblit. La Grande-Bretagne sombre dans la récession, ce qui rend de plus en plus plausible le recours rapide à des contre-mesures par la banque centrale britannique. … Mais les choses n’en resteront pas là. Nous vivons à l’heure de la mondialisation, et aucun problème ne peut être purement britannique. Le FMI a déjà évalué l’effet négatif sur la zone euro à 0,5 points. Le tourisme espagnol en ressent aussi les effets : les touristes britanniques consomment moins. Ils ont enregistré une régression de leur pouvoir d’achat, et ce d’un mois sur l’autre.»
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