100 premiers jours de Trump : le bilan
Samedi 29 avril marquera le 100e jour de Donald Trump à la Maison-Blanche. S'il avait par le passé clamé haut et fort tout ce qu'il comptait avoir accompli à cette date, il vient cependant de juger ce cap "ridicule" et "artificiel". Comment la presse évalue-t-elle ces cent premiers jours ?
On s'attendait à pire
Si Trump n’a pas atteint grand-chose, il n’a pas non plus détruit grand-chose, écrit Die Welt dans un bilan :
«Trump n’est pas devenu un souverain autoritaire. Il continue certes de critiquer assidûment les juges, mais il ne fait pas fi de leurs jugements. Le président n’est pas non plus devenu le bichon de Poutine et il semble être plus solidaire avec les alliés occidentaux de l’Amérique que ce à quoi l’on pouvait s’attendre. Et pour l’instant, il n’a pas non plus mis le feu aux poudres et déclenché une guerre commerciale avec la Chine. Pour un président américain, la barre reste bien basse, mais quand on pense aux déclarations de campagne de Trump, on ressent un certain soulagement. … Le monde et l’Occident ont survécu tant bien que mal à ces 100 premiers jours de Trump. C’est encourageant. Mais il est encore bien trop tôt pour lever l’alarme.»
Plus à l'aise en campagne qu'en fonction
Kapital Daily souligne que Trump reste tout aussi déraisonnable et irréfléchi que pendant la campagne :
«Trump est fidèle au comportement scandaleux qu’il a affiché tout au long de la campagne. L’importance de ses domiciles privés, son parler qui trahit son manque d’éducation, ses manières exaspérantes avec les journalistes, le bannissement de médias importants de la Maison-Blanche, sa grossièreté envers les femmes, qu’il s’agisse de Merkel ou de sa propre épouse, l’apparition de clans au sein de la Maison-Blanche et bien d’autres phénomènes encore donnent à voir une image du président sans précédent. Trump semble ne pas vouloir quitter le rôle de candidat à la présidence. Tout dans son comportement montre qu’il préfère briguer la présidence qu’exercer ce mandat à proprement parler.»
Trump préfère jouer à domicile
El Mundo de son côté s’étonne de ce que Trump n’ait pas fait le moindre déplacement à l’étranger :
«Pour les 100 premiers jours de sa présidence, Trump n’a pas été un grand voyageur. Il a même été le premier président depuis quarante ans qui n’ait pas fait un seul voyage à l’étranger, préférant avoir l’avantage du terrain. En recevant à domicile les politiques étrangers, il a probablement réussi à faire les mêmes titres des journaux que s’il leur avait rendu visite – en ménageant ses forces. Mais à la mi-mai, il va devoir faire un voyage important en Sicile, où l’attendent ses homologues du G7. En outre, il rencontrera le pape. Entre eux, le courant ne passe pas vraiment. Le pape François s’inquiète de la pugnacité de Trump, dont il critique ouvertement la politique migratoire. Et l’amitié entre le pape François et Obama n'inspire que de la méfiance à Trump.»
Flexible mais incohérent
Face aux zigzags de la politique de Trump, Le Figaro tente de deviser la bonne réponse que l'Europe peut apporter :
«On peut tirer deux sentiments. Être rassuré par les facultés d'adaptation et le réalisme du 45e président. Ou s'effrayer de la volatilité de ses convictions. Le style Trump, finalement, c'est peut-être de n'avoir aucun style. Ni dans les manières ni dans le mode de gouvernance. C'est du coup par coup, du cas par cas. Des décisions prises de manière impulsive, pour servir ses intérêts immédiats. Cela a la vertu de la souplesse, pas forcément celui de la cohérence. De cette absence de vision, les Européens doivent prendre acte. Et se doter d'urgence d'une diplomatie vertébrée. A défaut, nous serons condamnés à être ballottés d'un bord à l'autre, selon les coups de barre de l'étrange timonier de Washington.»