Turquie : un nouveau parti centriste défie Erdoğan
En Turquie, l'ex-ministre de l'Intérieur Meral Akşener a fondé une nouvelle formation politique, baptisée İyi parti (le bon parti). Personnalité connue de l'opposition, elle avait été exclue des rangs du parti d'extrême droite MHP pour avoir tenté d'en renverser le chef. Saura-t-elle tenir tête à l'AKP d'Erdoğan ? Les commentateurs turcs ont des avis partagés.
Akşener peut convaincre l'électorat centriste
T24 décrit les défis qui attendent Akşener et son parti :
«Dans la Turquie actuelle polarisée par l'AKP, on distingue deux branches : ceux qui ne sont pas contre l'AKP mais contre Tayyip Erdoğan, et les autres [qui sont contre l'AKP et contre Erdoğan]. Ces autres, exception faite du MHP [nationaliste], il convient de les fédérer. La seconde tâche difficile consiste à détacher d'Erdoğan ceux qui le soutiennent. On n'y parviendra pas en le critiquant incessamment. Il faut créer des alternatives attrayantes pour les électeurs de l'AKP. Voilà la tâche difficile. On peut se consoler en se rappelant que la part des indécis est de 30 pour cent des électeurs - une proportion très élevée. Ce sont eux qu'Akşener a des chances de convaincre.»
Mieux vaut l'original qu'une pâle copie
Pour le journal progouvernemental Sabah, le programme de la nouvelle formation politique n'est qu'un mauvais plagiat de la politique d'Erdoğan :
«Nous nous sommes penchés sur le 'bon programme' du 'bon parti'. Mme Akşener est une bonne nationaliste. Le combat contre les séparatistes, notamment le PKK, se poursuivra. Fait-elle les choses différemment de Tayyip Erdoğan ? ... Le parti s'est fixé pour objectif de faire de 'la République turque une puissance régionale efficace et un Etat leader, en tant que membre indépendant, souverain, honoré et respecté de la communauté internationale, afin de favoriser la paix dans la région et dans le monde'. Avez-vous copié les idées de Tayyip Erdoğan une à une, en ne procédant qu'à d'infimes changements, afin de ne pas fâcher les gens ?»