La Roumanie assouplit ses lois anti-corruption
Malgré les avertissements de la Commission européenne, le parlement roumain a décidé d'entériner sa réforme judiciaire controversée, visant notamment à raccourcir les délais de prescription pour les infractions liées à la corruption. L'opposition y voit une échappatoire pour Liviu Dragnea, le chef du PSD au pouvoir, qui a déjà été condamné en première instance. Quelles sont les implications de la décision ?
Toute contestation est vouée à l'échec
Le journaliste Sebastian Zachmann fustige le comportement de Liviu Dragnea sur son blog hébergé par Adevărul :
«Le président du PSD manque totalement de morale. Il aurait pu s'abstenir de voter, voire briller par son absence, ce dont il a l'habitude. Mais cette fois, il en a décidé autrement. Le député a voté pour venir au secours de sa propre personne condamnée [en première instance]. Les amendements apportés au droit pénal mettront fin aux procédures. ... Quelle sera la suite ? L'opposition contestera ce nouveau droit pénal devant la Cour constitutionnelle, sans pouvoir obtenir gain de cause. Les amendements mis en place par le PSD sont contraires à tout sens de la morale mais conformes à la Constitution. Personne ne pourra empêcher l'entrée en vigueur des nouvelles lois.»
Le sommet européen risque de virer au clash
Les conséquences de cette décision parlementaire pourraient dépasser les frontières roumaines, explique le Frankfurter Allgemeine Zeitung :
«En adoptant ces lois, le gouvernement roumain fait un pied de nez à la Commission européenne, qui lui avait expressément défendu d'agir en ce sens et annoncé une réaction rapide et sans appel. Dans ces conditions, il est fort probable que le sommet de l'UE, qui doit avoir lieu en Roumanie dans deux semaines, soit le théâtre d'un affrontement entre Bruxelles et Bucarest. Mais les dirigeants se préoccupent moins de l'image de leur pays que des poursuites judiciaires en cours contre certains d'entre eux. Et ils ont bien raison, car la justice roumaine a fait des progrès considérables dans la lutte contre la corruption ces dernières années.»