Pedro Sánchez veut établir une alliance de gauche
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a présenté son programme gouvernemental. Il a consenti à d'importantes concessions pour former une coalition avec le parti de gauche radicale Podemos. Le vainqueur des élections table en outre sur l'abstention de plusieurs partis, pour certains régionalistes. S'il n'obtient pas la majorité requise, des élections anticipées pourraient être convoquées. Fait-il le bon choix pour son pays ?
Une coalition de bric et de broc
Un gouvernement instable, obligé de faire des concessions à la gauche, risque de desservir l'Espagne, met en garde ABC :
«Si Pedro Sánchez réussissait à dompter Podemos [gauche radicale] et à embourgeoiser un peu plus le duo qui le dirige [Pablo Iglesias et Irene Montero], il se retrouverait avec un gouvernement minoritaire et extrêmement dépendant de ceux qui l'ont fait chanter sur le budget avant de le laisser tomber. Sánchez doit savoir que son action nuit aux Espagnols et qu'ils n'ont pas besoin du chef messianique qu'il prétend être pour eux. Il doit savoir que le gouvernement qu'il cherche à mettre en place sera entaché d'une extrême faiblesse et qu'une coalition avec Podemos l'expose au risque d'une législature courte et conflictuelle.»
Quand les lignes rouges divisent le centre politique
La rigidité idéologique des partis empêche la formation de pactes gouvernementaux stables, analyse le politologue José Ignacio Torreblanca dans El Mundo :
«Beaucoup voyaient dans la fin du bipartisme le début d'une nouvelle étape de régénération politique, présidée par la transparence, l'éthique et pourvue de mécanismes de contrôle. ... Mais cette promesse n'a pas été tenue. Au lieu d'une vie politique ouverte et pluraliste, nous avons abouti à un paysage politique caractérisé par des blocs monolithiques qui ne communiquent pas entre eux. Au lieu de définir des lignes rouges et des cordons sanitaires pour contenir les extrêmes (à gauche, à droite et territorialement), ces garde-fous renforcent la polarisation et font obstacle aux grands pactes que les citoyens appellent de leur vœux.»