L'IVG ambulatoire fait débat en Italie
L'Italie a révisé sa législation sur l'avortement pharmacologique. Le ministre de la Santé, Roberto Speranza, a indiqué samedi que la prescription de la pilule RU486 serait dorénavant autorisée jusqu'à la neuvième semaine de grossesse, sans hospitalisation de plusieurs jours. Il a évoqué une "avancée importante", conforme aux lois existantes. Critique virulente des représentants d'associations catholiques.
L'Eglise veut punir les femmes
Les hommes d'Eglise qui s'opposent à cette nouvelle législation veulent qu'une IVG fasse mal, s'insurge dans la Stampa la sociologue Chiara Saraceno :
«Après avoir remué ciel et terre pour empêcher une légalisation de l'IVG, ils ont freiné des quatre fers pour empêcher la légalisation de la pilule RU486, qui permet une IVG sans intervention chirurgicale. ... Ayant échoué sur ce front aussi, ils ont essayé d'imposer aux femmes une hospitalisation, gonflant les risques encourus, bien que toutes les données empiriques prouvent le contraire. ... Cette campagne systématique, menée tambour battant, a obtenu un résultat considérable puisqu'elle a ralenti l'adoption dans notre pays de l'IVG pharmacologique, bien qu'elle soit moins invasive et moins risquée qu'une opération - et moins chère pour la sécurité sociale.»
La privatisation d'un problème de société
Pour la chroniqueuse à Avvenire Assuntina Morresi, la nouvelle réglementation vise surtout à faire l'économie d'un débat gênant :
«L'hospitalisation de trois jours était un moyen de protéger les femmes des complications que cette forme d'avortement peut engendrer, et qui présente une mortalité supérieure à celle des avortements chirurgicaux. ... Les raisons de ce changement sont donc de nature purement politique : RU486 s'inscrit dans une logique déjà observée dans d'autres pays, une logique de privatisation de l'avortement, chassé du débat public. Il s'agit de permettre aux femmes d'avorter à domicile comme si un avortement était une affaire qui ne concernait que la vie privée de celles qui font ce choix, et non un problème de société, qui concerne tout le monde.»