Que penser de la situation en Ukraine orientale ?
Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a appelé son homologue russe Vladimir Poutine et lui a proposé une rencontre au sommet dans un Etat tiers. En toile de fond, la Russie a effectué des mouvements de troupes le long de la frontière ukrainienne ces dernières semaines, suite à quoi les Etats-Unis ont dépêché deux navires de guerre en mer Noire. Alors que Moscou affirme ne prévoir qu'un simple exercice, Kiev redoute une offensive en bonne et due forme. Les commentateurs soupèsent les risques de guerre réelle.
La Russie se fabrique une raison d'attaquer
Selon la presse, plus de 400 000 citoyens des 'républiques populaires' de Donetsk et de Lougansk se sont vus remettre un passeport russe. Cela pourrait être une raison fabriquée de toutes pièces pour justifier une offensive, analyse LB.ua :
«Autour de 2005, la Russie avait commencé à délivrer des passeports russes en Abkhazie et en Ossétie du Sud. La 'protection de compatriotes' avait alors été érigée en raison officielle des agressions de la Russie contre la Géorgie, le 8 août 2008. A l'époque, Dmitri Medvedev avait invoqué l'alinéa 2 de l'article 61 de la Constitution russe : 'La Fédération russe garantit à ses citoyens assistance et protection en dehors de ses frontières.' ... Une rencontre entre Poutine et le Conseil de la fédération russe est prévue le 21 avril. Il pourrait y demander l'autorisation de déployer des troupes à l'étranger.»
Pour se défendre, l'Ukraine doit être unie
Si l'Ukraine apparaît comme une proie facile, c'est notamment en raison des frictions politiques intérieures, écrit l'ex-président du pays Petro Porochenko sur NV :
«La réussite passe par la lutte contre la corruption et contre l'influence des oligarques, mais aussi par une purge du pouvoir, pour en écarter les agents russes. ... La Russie ne passera à l'offensive que si elle ressent la faiblesse de notre Etat, si une agression aurait un prix minime. D'ici là, elle en restera aux méthodes hybrides visant à affaiblir nos institutions démocratiques et à miner la cohésion sociale. ... La présidence doit cesser de persécuter les forces politiques d'opposition, de mettre des bâtons dans les roues des militants et des bénévoles et de diviser la société par le biais d'initiatives douteuses.»
Les Etats-Unis tentent de désamorcer le conflit
Strana donne son interprétation de la proposition de Biden d'organiser un sommet sur l'Ukraine :
«Celle-ci est quelque peu surprenant de la part d'un dirigeant qui qualifiait son homologue russe de 'meurtrier' il y a quelques semaines à peine. ... Il est évident que les manœuvres militaires de la Fédération russe sont la raison principale de cet appel. ... D'un côté, l'invitation à un sommet promet une issue à l'impasse - théoriquement, les présidents peuvent s'entendre sur des solutions plus constructives qu'un simple cessez-le-feu. ... De l'autre, aucun sommet n'ayant encore été convenu, il est possible qu'il n'ait jamais lieu - Moscou en tout cas n'a pas encore donné son accord. Il est probable qu'elle attende d'abord des mesures concrètes venant de la Maison-Blanche, dans le sens d'un apaisement.»
D'inquiétantes rotomontades
Dans La Stampa, le politologue Lucio Caracciolo s'inquiète des conséquences de ce bras de fer :
«Les deux parties se disent prêtent à réagir de manière véhémente en cas d'agression. ... Vu le climat très tendu des rapports russo-américains, il convient donc de ne pas sous-estimer le potentiel explosif des démonstrations de force qui s'opèrent le long du nouveau rideau de fer. ... Sur les deux fronts, il se trouve certainement des protagonistes désireux de déclencher une blitzkrieg limitée, dans l'espoir illusoire de gérer tranquillement le conflit une fois que celui-ci aura éclaté. Une funeste perspective. Car il y a trop de frustration, trop de violence, et une incapacité flagrante à écouter les raisons des autres.»
La Russie souffre dans ses membres fantômes
Neatkarīgā replace la politique russe dans le contexte de l'éclatement de l'Union soviétique :
«La Russie actuelle souffre du 'syndrome de Versailles' [telle l'humiliation éprouvée par l'Allemagne au lendemain de la Première Guerre mondiale]. Pour certains, l'état de fait obtenu en Crimée en 2014 n'est qu'un premier pas. Le problème, c'est que la Russie ne se contente pas de la Crimée, de Kharkov et de Marioupol. Ces conquêtes ne mettent pas fin aux douleurs fantômes impérialistes. La Russie a besoin de toute l'Ukraine, ou du moins de ses territoires situés à l'est de la Crimée. Même si cet objectif serait extrêmement problématique à l'issue d'une guerre, il n'est pas complètement irréaliste à partir du moment où la Russie est disposée à s'affranchir des normes généralement observées.»
La politique du fait accompli
Dans La Razón, le juriste et politologue Cástor Díaz Barrado pense que la Russie finira par s'imposer en Ukraine orientale :
«A l'origine de la situation actuelle, le non-respect des droits de la minorité russe en Ukraine pendant de longues années ainsi que la volonté de la Russie d'étendre sa sphère d'influence, même lorsque cela viole l'intégrité territoriale d'un autre pays. Ce conflit est difficile - pour ne pas dire impossible - à résoudre. Le plus probable, c'est que la région du Donbass passe directement sous contrôle russe. Les désapprobations de la communauté internationale se feront entendre pendant un certain temps avant de s'estomper, à mesure que s'impose la politique du fait accompli.»
Des chars pour faire passer des messages politiques
Artı Gerçek ne pense pas que Poutine ait l'intention de s'engager dans une véritable guerre :
«Objectivement, une telle guerre nuirait davantage à la Russie qu'elle ne lui profiterait. Il est fort peu probable qu'une victoire comme celle remportée en Crimée se répète. Les sanctions encourues seraient trop lourdes et les pertes extrêmement élevées. L'issue militaire est elle aussi incertaine. ... Mais si la Russie ne prépare pas une guerre, pourquoi tant de propagande, et pourquoi masser autant de troupes le long de la frontière avec l'Ukraine ? Probablement à seule fin d'intimider l'Ukraine et de lui rappeler le souvenir cuisant de la perte de ses territoires. Mais aussi pour dissuader l'Europe de prodiguer ses conseils, et intimer aux Etats-Unis de ne pas chercher à interférer avec le gazoduc Nord Stream 2.»
Les vertus de la boue
Ne serait-ce que pour des raisons de météo, la Russie ne lancera pas une offensive de sitôt, assure Hospodářské noviny :
«Mécontent de la situation actuelle, le Kremlin essaie de faire pression. ... Au demeurant, un porte-parole du Kremlin a vivement rabroué une des premières propagandistes du Kremlin, Margarita Simonian, directrice de la télévision d'Etat à l'antenne de Russia Today, quand elle a déclaré qu'il fallait 'ramener le Donbass dans le giron de la mère patrie'. ... Il ne faut toutefois pas s'attendre à une collision ouverte de grande envergure - pour la simple raison que l'artillerie lourde s'embourberait dans les profondes boues du printemps.»
Toute conquête ravive le conflit
Dans un post de blog relayé par Ekho Moskvy, l'historien Iouri Pivovarov décrit une situation empoisonnée :
«Si la Russie occupe le Donbass et arrache d'autres territoires à l'Ukraine, une vague de revanchisme se déchaînera en Ukraine, et la prochaine guerre nous attend au tournant. Si l'Ukraine et le monde occidental, dans son acception collective, réussissent à s'opposer à une invasion russe, on verra apparaître à Moscou, jadis la 'troisième Rome' et aujourd'hui Etat souverain, une génération de révisionnistes qui revendiqueront le dépassement du statu quo. Cette situation fait écho à la question historique de la rivalité entre l'Allemagne et la France pour contrôler l'Alsace et la Lorraine. Une résolution militaire du conflit s'est avéré impossible. Il a fallu attendre l'intégration européenne, dans la seconde moitié du XXe siècle, pour que la question soit rayée de l'ordre du jour.»
L'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN : la quadrature du cercle
Dans un tweet, le président ukrainien Zelensky a tweeté que le seul moyen de mettre fin à la guerre dans le Donbass serait une adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Le journaliste à Adevărul George Damian est sceptique :
«Je me rappelle qu'une des conditions à l'adhésion de la Roumanie à l'OTAN [en 2004] avait été qu'elle abandonne toute revendication territoriale dans les pays limitrophes. ... Il est difficile pour l'Ukraine de conclure avec la Russie un traité reconnaissant l'annexion de la Crimée et l'existence de républiques sécessionnistes. ... Faut-il rappeler que si la Russie a commencé une guerre en Ukraine, c'est précisément pour empêcher qu'elle entre dans l'orbite pro-occidentale. C'est la politique suivie par la Russie en République de Moldavie, en Géorgie et en Arménie ? ... L'OTAN est-elle vraiment prête à se mêler de cette guerre, comme le demande l'Ukraine en faisant pression pour être acceptée au sein de l'Alliance ?»
De la 'propagande', plus de 'propagande' !
L'Ukraine doit prendre la mesure de la guerre médiatique contre la Russie dans laquelle elle est engagée, rappelle le journaliste à Ukrinform, Miroslav Liskovich :
«Dans une guerre, combattre l'influence de l'agresseur doit être la priorité, sans pour autant enfreindre les normes du journalisme démocratique. Nous devons donc réviser notre vision de la notion de propagande et adopter un certain nombre de techniques. ... Cesser par exemple de couvrir certains événements - citons à titre d'exemple une conférence de presse de Dimitri Kosak [de l'administration Poutine] - en nous contentant de 'photographier' les nouvelles des sources russes, comme le fait l'écrasante majorité des médias ukrainiens. Nous devons sans tarder nous attacher à diffuser notre réaction et notre analyse.»
Tout est possible, du poker diplomatique à la guerre
Sur le site gordonua.com, Vadym Denysenko, directeur de l'Ukrainian Institute of the Future, envisage trois approches possibles côté russe :
«Option 1 : une véritable guerre autour du barrage [du canal de Crimée du Nord]. Les troupes du Kremlin en prennent le contrôle et débutent aussitôt des négociations pour mettre fin au conflit. ... Option 2 : une vaste offensive lancée depuis la Crimée, permettant aux Russes de briser le 'corridor' séparant les zones occupées du Donbass, à hauteur de Kachovka. ... Option 3 : tenter de porter au maximum le degré de confrontation, tout en privilégiant parallèlement des moyens diplomatiques. Les combattants de la 'république populaire de Donetsk' peuvent par exemple bloquer l'approvisionnement en eau de Marioupol. Ensuite, avec l'implication de médiateurs internationaux, on négocierait la restauration de ce point d'alimentation en contrepartie de la remise en eau du canal de Crimée du Nord.»
La perspective d'une adhésion à l'OTAN changerait tout
La conséquence logique des tensions persistantes entre la Russie et l'Ukraine est évidente, juge le politologue Valentin Naumescu sur le portail Contributors :
«Dans son bras de fer avec la Russie, l'administration Biden peut recourir à une mesure rapide, impitoyable et stratégiquement habile : convier l'Ukraine au sommet de l'OTAN et l'inviter à intégrer l'alliance. Cette manœuvre est susceptible de changer la donne en Europe de l'Est et de neutraliser l'influence globale de la Russie sur le continent. ... Dans le jeu au long cours entre la Russie et l'Ouest, ce choix pourrait anéantir l'ensemble de la 'construction stratégique' échafaudée par Poutine depuis 2008, à savoir cette malheureuse 'zone tampon' que la Russie considère comme une garantie de sécurité face à l'agressivité présumée de l'Occident.»
Les accords de Minsk ont fait leur temps
La frustration ambiante rend une escalade tout à fait envisageable, analyse Die Presse :
«Les accords ont toujours été impopulaires en Ukraine, parce qu'ils avaient été conclus sous la pression militaire. Il se peut du reste que côté russe, on ne se sente plus lié aux obligations de Minsk. ... On se demande dans quelle mesure une escalade ouverte servirait les intérêts du Kremlin. En annexant les républiques séparatistes, Moscou s'imposerait un pesant fardeau économique. Une réussite aléatoire en termes de propagande. ... Et si la Russie attaquait directement l'Ukraine, elle risquerait un durcissement des sanctions internationales, mais elle se détournerait aussi définitivement du monde occidental.»
Poutine n'en fait qu'à sa tête
Dans sa chronique pour l'antenne roumaine de RFI, le journaliste Ovidiu Nahoi s'interroge également sur la gravité de la situation :
«Pour les analystes, au premier abord, le mouvement militaire est impressionnant mais trop limité pour annoncer une offensive de grande envergure. ... Ils gagent que le Kremlin gonfle les biceps pour relancer les négociations de paix et tester la solidarité de la nouvelle administration américaine envers Kiev. D'autres experts redoutent que le réarmement soit annonciateur d'un nouveau cycle d'agressions russes - après l'attaque de la Géorgie en 2008 et l'annexion de la Crimée en 2014. Dans les faits, les deux événements avaient complètement pris de court la communauté internationale et à ce jour, la réponse de l'Occident n'a pas su entamer la pugnacité de la politique de Vladimir Poutine.»
De l'esbroufe, rien de plus
Izvestia confirme des mouvements militaires côté ukrainien, mais rien de très inquiétant selon lui :
«En 2015, ce ne sont pas les accords de paix ou le pacifisme national de l'Ukraine qui l'avaient dissuadée de résoudre manu militari la question 'd'une partie des régions de Donetsk et Lougansk', mais le constat qu'une victoire n'était pas à sa portée à un prix acceptable. Les dirigeants politiques et militaires n'ont jamais eu de raison depuis de réviser cette analyse fondamentale. Indépendamment de toutes les manœuvres ostentatoires, il ne faut donc pas s'attendre à une offensive de Kiev au printemps. Ses troupes ne sont que des pions dans le grand échiquier politique - avant les négociations au plus haut niveau entre les quatre protagonistes du format Normandie.»
Un dérivatif à la récession
Poutine a recours aux méthodes habituelles pour détourner l'attention des problèmes économiques, estime le site lb.ua :
«Premièrement, la contraction de l'économie russe en 2020 n'avait jamais été aussi forte depuis 2009. Le PIB a chuté de trois pour cent, selon les derniers chiffres communiqués par Rosstat, l'office statistique national russe. C'est une conséquence de la pandémie, des sanctions et du recul de la demande en énergie. ... La situation économique des citoyens de la Fédération russe se dégradera, tandis que les dépenses de l'Etat augmenteront. Deuxièmement, l'économie russe sera confrontée à une stagnation durable dans les années à venir. Troisièmement, Moscou voit dans la perspective d'une campagne militaire une des issues possibles à la crise économique. D'où les provocations actuelles.»
Le bellicisme en guise de levier
De l'avis de Postimees, Moscou est clairement responsable de la surenchère actuelle :
«La Russie a plusieurs raisons de vouloir envenimer le conflit avec l'Ukraine. La première est d'ordre stratégique : le fait que l'Ukraine ait fermé le canal de Crimée du Nord, privant la province annexée par la Russie de son approvisionnement en eau. La seconde pourrait être liée aux décisions politiques de Volodymyr Zelensky, lesquelles éloignent l'Ukraine de la sphère d'influence russe et la rapprochent de l'Ouest : fermeture de trois chaînes pro-Kremlin et sanctions contre le politique pro-russe europhobe Viktor Medvedtchouk. ... L'une des options pour bloquer cette évolution consiste à raviver le conflit gelé en Ukraine orientale ou à attiser de nouveaux conflits potentiels.»
Des sanctions seraient sans effet
Frankfurter Allgemeine Zeitung gage que la Russie cherche à tester la solidarité de la nouvelle administration américaine envers l'Ukraine :
«Biden a promis de soutenir le pays aux abois. Ce qui ne résout pas le problème fondamental : l’Ukraine n'est pas membre de l'OTAN. ... En ravivant le conflit, la Russie s'exposerait au risque de nouvelles sanctions. En temps de pandémie, elles pourraient faire mal, mais jusqu'ici, cela n'a jamais entamé la volonté de Poutine de privilégier le conflit larvé. La récente passe d'armes autour de Navalny a dû le conforter dans son point de vue : il est en lutte contre les Etats-Unis et l'Europe. Une lutte dont l'enjeu n'est autre que la survie de son régime. Le nombre d'options qui restent à la disposition de l'Occident est restreint.»
Cela en restera au stade des menaces
Polityka juge également que les Etats de l'OTAN n'apporteront pas leur soutien à l'Ukraine :
«Kiev s'emploie à donner l'impression qu'elle dispose du soutien des Américains et que l'OTAN ne restera pas inactive en cas d'attaque russe. Il semble pourtant évident qu'à Washington comme dans les capitales européennes, personne ne soit vraiment disposé à envisager une guerre avec la Russie pour défendre l'Ukraine, qui n'est pas un Etat de l'OTAN et n'a pas conclu d'alliance bilatérale avec les Etats-Unis ou avec une puissance européenne. ... On peut concevoir le renforcement de la présence militaire des alliés en Roumanie, des patrouilles plus fréquentes en mer Noire et une démonstration de force accrue par le biais des bombardiers stratégiques américains. Mais tout cela en resterait au stade des avertissements.»
Nécessaire d'agir
Il serait funeste de fermer les yeux, prévient El País :
«Il est fondamental que l'UE agisse avec efficacité et unité, mette à jour sa propre stratégie et accorde ses violons avec la nouvelle administration Biden sans pour autant renoncer à son autonomie. Chaque nouvelle hostilité de Poutine rappelle qu'il ne s'agit pas d'une option, mais d'une nécessité. La violence avec laquelle la pandémie frappe l'Ukraine nous somme de prendre au sérieux les risques de crise et de déstabilisation. L'UE ne peut se permettre qu'un voisin comme l'Ukraine soit aspiré dans une spirale négative.»
Le format Normandie a fait son temps
L'influence des leaders d'Europe occidentale dans ce conflit s'est étiolée, relève Radio Kommersant FM :
«Le nombre des protagonistes s'accroît : il ne s'agit plus seulement des Etats-Unis, mais aussi de la Turquie. Le format dit 'Normandie' perd clairement en importance, ce qui n'a rien d'étonnant, vu que rien n'a été fait en pratique depuis 2015 pour améliorer la situation. C'est bien connu : la nature a horreur du vide. Les très tolérants Macron et Merkel pourraient bientôt être supplantés par d'autres participants. En fin de compte, ils n'ont rien obtenu dans le conflit au Haut-Karabakh, se bornant à prononcer de belles paroles et à exprimer leur inquiétude. ... Mais si rien n'est entrepris ici non plus, le conflit actuel pourrait déboucher sur un 'nouveau Haut-Karabakh'.»