Climat : que penser de la radicalisation de la mobilisation ?
Autoroutes bloquées, universités occupées et œuvres d'art aspergées : dans le monde entier, les militants du climat cherchent de nouvelles formes de protestation pour appeler la classe politique à agir. Des actions qui divisent les chroniqueurs.
Peuvent mieux faire
Au musée Leopold de Vienne, des militants ont aspergé d'un liquide noire une œuvre de Gustav Klimt. Der Standard juge leur stratégie perfectible :
«Ce n'est pas en souillant des œuvres d'art que l'on incitera les propriétaires de SUV à privilégier la bicyclette. ... On peut comprendre la colère éprouvée par l'organisation Letzte Generation et d'autres groupes effondristes quant aux pseudos-mesures climatiques timorées et dilatoires privilégiées par la classe politique. Lors de laCOP27, on parle davantage du dédommagement des pays du Sud que de l'arrêt du changement climatique. Mais pour contraindre la classe politique à agir, il y a sûrement de meilleures méthodes que ces 'coups de comm' orchestrés contre des objets culturels, ciblés pour leur caractère 'iconique'.»
Un marathon qu'il faut courir ensemble
Au Portugal, des militants du climat ont occupé des universités et demandent la démission du ministre de l'Economie, António Costa Silva, qui était auparavant un grand patron du secteur pétrolier. Jornal de Notícias appelle à la modération :
«Il est évident que les plus jeunes ont tout à perdre de l'échec de la COP27 et que leur voix doit être entendue. Mais il est illusoire d'annoncer la fin des combustibles fossiles ; cela fait penser à une Miss Univers qui appelle à la paix dans le monde après son couronnement. C'est une voie qu'il faut emprunter graduellement. Toute la question de savoir à quelle vitesse nous pourrons le faire. Il ne s'agit pas d'un 100 mètres, mais plutôt d'un marathon qui prendra des décennies.»
La Constitution garantit le droit de protester
La CDU réclame des sanctions plus strictes contre les militants qui bloquent les routes en Allemagne. Une revendication que réfute le site tagesschau.de :
«Depuis le sit-in et le blocage de la centrale nucléaire de Brockdorf, la Cour constitutionnelle n'a eu de cesse de le répéter : s'asseoir sur une route et bloquer la circulation ne constitue pas en soi un acte de violence - cela relève de la liberté de réunion. La Cour de Karlsruhe protège ainsi la contestation démocratique dans tout ce qu'elle a de radical, de dérangeant et de révolté. Bien sûr, si l'expression de cette contestation vient à menacer des vies humaines, alors une limite est franchie et le système judiciaire doit s'activer. D'un autre côté, les protestations pacifiques pour le climat n'ont jamais été aussi justifiées et importantes qu'aujourd'hui.»