Le Nobel de la paix attribué à une militante iranienne
La lauréate 2023 du Prix Nobel de la paix est Narges Mohammadi, une militante iranienne des droits humains actuellement détenue. Lors des grandes manifestations de 2022 contre le régime, cette journaliste de 51 ans avait révélé les sévices - tortures et abus sexuels - infligés aux femmes détenues dans la tristement célèbre prison d'Evin. Cette récompense peut-elle contribuer à servir la cause de la lauréate et de l'Iran tout entier ?
Un pas dans le bon sens
La Vanguardia interpelle la communauté internationale :
«Il faut mettre un terme au fanatisme religieux despotique du régime des ayatollahs, qui est un anachronisme. ... La première étape, comme le réclame le comité norvégien [du Prix Nobel], devrait être la libération de Narges Mohammadi et de toutes les femmes encore incarcérées. ... Mohammadi, elle-même, a récemment déclaré que le mouvement des femmes en Iran contribuera à accélérer le processus en marche dans son pays vers la démocratie, la liberté et l'égalité des droits. Mais elle a également souligné que ce processus nécessitait le soutien de la communauté internationale. Espérons que l'attribution du Prix Nobel de la paix à cette militante des droits humains marque le début de la fin des répressions violentes en Iran.»
Des héros désintéressés
Libération ne table pas sur une fin prochaine de la détention de Narges Mohammadi :
«Purgeant une peine de presque onze ans dans la prison tristement célèbre d'Evin, située dans le nord de Téhéran, sa vie rythmée d'arrestations, de menaces et d'interrogatoires par les services secrets iraniens, Narges Mohammadi ne peut malheureusement pas espérer que ce prix accélérera sa libération. Le colauréat de l'année dernière, Ales Bialiatski, figure clé du mouvement démocratique en Biélorussie, est toujours en prison à Minsk ; Liu Xiaobo, le lauréat de 2010, dissident chinois condamné un an auparavant pour 'subversion', est mort en 2017 privé de sa liberté ... et la liste est encore longue. Car ce n'est pas pour leur propre sort que ces héros et héroïnes de la paix mènent le combat, mais pour celui de leur peuple et de tous les opprimés.»
Un appel de phares aux responsables occidentaux
Le quotidien taz critique la diplomatie occidentale, jugée trop conciliante envers le régime des mollahs :
«La diplomatie internationale a renoué avec les relations qu'elle entretenait avec le régime iranien avant le mouvement 'Femme, vie, liberté'. L'Assemblé Générale de l'ONU en Septembre a été une assemblée de la honte. Des journalistes d'origine iranienne ont été menacé·e·s par des tenants du régime ; des politiques occidentaux, qui aiment tant à se gargariser des droits humains, ont posé devant les caméras en train de serrer la main aux bouchers de Téhéran, pour le plus grand bonheur de la propagande d'Etat des médias iraniens, qui n'a pas manqué d'exploiter les clichés. Ce prix Nobel se veut aussi être un appel de phares aux politiques occidentaux : attention, vous vous trompez de camp.»