Vers une reconnaissance accrue de la Palestine en Europe ?
Sur fond de guerre au Proche-Orient, l'Espagne, l'Irlande et la Slovénie avaient dès le mois de mars déclaré vouloir reconnaître un Etat palestinien. Ils viennent de concrétiser leur requête : le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, entend passer à l'acte d'ici fin juin et recherche actuellement des soutiens. Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheál Martin, veut soumettre une proposition de reconnaissance à son gouvernement. Les commentateurs sont partagés.
Un avertissement à Israël
The Irish Times salue l'annonce de Micheál Martin :
«L'Irlande a été le premier Etat de l'UE à appuyer l'idée de reconnaître le statut d'Etat de la Palestine, en 1980. ... L'annonce de Micheál Martin, selon laquelle l'Irlande et plusieurs alliés au sein de l'UE entendent faire de même dans un proche avenir, est la reconnaissance diplomatique, bienvenue et importante, de l'Autorité nationale palestinienne en Cisjordanie, qui est une réalité bien établie. C'est aussi une remontrance politique - qui tombe à point nommé - adressé à Israël dans sa guerre contre Gaza et à son refus de faire avancer les négociations sur une solution à deux Etats.»
Un engagement douteux
L'initiative de Sánchez laisse le quotidien El Español dubitatif :
«Il est évident que l'Espagne ne pèse pas beaucoup au Proche-Orient. Israël ne considère pas l'Espagne comme un acteur déterminant dans la région et les déplacements du Premier ministre en Arabie Saoudite, au Qatar et en Jordanie n'ont suscité que des déclarations polies de la part de leurs dirigeants. ... Avec quelle instance palestinienne Pedro Sánchez entend-il négocier la création de cet Etat ? ... A-t-il songé à l'impact qu'aurait cette reconnaissance sur nos relations avec l'Egypte, la Jordanie et les Etats-Unis ? ... Si sa proposition est sérieuse, le Premier ministre doit répondre à ces questions. ... On serait sinon tenter de penser qu'il cherche à instrumentaliser les Israéliens et les Palestiniens de façon irréfléchie, opportuniste et irresponsable.»
N'éveillons pas de faux espoirs
Pour Irish Independent, ces déclarations d'intentions symboliques s'avèrent néfastes :
«Ce serait tromper les Palestiniens de manière cruelle et susciter de faux espoirs que de leur faire croire que cette initiative puisse contribuer à mettre définitivement fin au conflit. 139 pays ont déjà fait ce genre de déclarations, sans qu'elles n'aient été suivies d'effet. ... A la place, cela attisera un peu plus le terrorisme, incitera les proxys terroristes de l'Iran à poursuivre la guerre et le Hamas à refuser un cessez-le-feu. ... Il faut voir dans cette proposition davantage une occasion pour les partis au gouvernement de glaner des voix aux prochaines élections que de raviver un processus de paix.»