ONU : comment réformer une organisation mondiale ?

L'ONU a tenu à New York son sommet de l'avenir, orchestré par l'Allemagne et la Namibie. Chefs d'Etat et experts ont tenté de trouver des idées de réformes dans le cadre d'un 'Pacte pour l'avenir', ayant pour mission de rendre la communauté internationale apte à relever les défis présents et à venir. L'occasion pour les commentateurs de mener une réflexion de fond sur le rôle de l'organisation mondiale.

Ouvrir/fermer tous les articles
Avvenire (IT) /

Rien de bien impressionnant

Avvenire pointe les insuffisances du pacte :

«Concernant la réforme des institutions de l'ONU, il n'y a pas grand chose de nouveau. A titre d'exemple, deux réformes revendiquées depuis longtemps ne sont pas abordées concrètement dans le pacte : une meilleure représentativité du Conseil de sécurité et des changements au niveau de l'architecture du Fonds monétaire international (FMI). ... De plus, force est de constater que malgré les bonnes intentions, la possibilité que l'ONU joue un rôle dans la réforme du FMI a été écartée. Dans le domaine de l'environnement aussi, il y a de nombreuses lacunes. Citons l'absence de référence directe au lien de cause à effet entre changement climatique et paupérisation, et à la question épineuse du partage du fardeau de la transition écologique.»

Politiken (DK) /

Le Danemark peut apporter sa contribution

Politiken veut rester optimiste, se réjouissant notamment que le Danemark vienne d'être élu membre non-permanent du Conseil de sécurité :

«Les carences manifestes de l'ONU devraient nous inciter à œuvrer en faveur d'une coopération accrue. L'amélioration du monde dépendra des efforts que nous consentirons dans cette entreprise. Voilà pourquoi il est si réjouissant que le Danemark intègre le Conseil de sécurité pour une période une période déterminée. En dépit de ses carences, l'ONU, aujourd'hui comme en 1945, année de sa création, représente le meilleur espoir d'un ordre mondial plus égalitaire et plus juste. Le verre est à moitié plein, et le Danemark peut apporter sa contribution dans les prochaines années pour le remplir un peu plus.»

Kristeligt Dagblad (DK) /

Une bonne réputation sur laquelle on doit bâtir

Kristeligt Dagblad souligne la perception positive dont bénéficie l'organisation mondiale :

«Au vu des doutes que suscite l'ONU quant à sa capacité à remplir son objectif – qui est rappelons-le d'empêcher les guerres et de promouvoir la coopération internationale – le soutien que lui témoigne la population est un fait qui mérite d'être retenu. Selon un récent sondage du think-tank américain Pew Research Center, la majorité des citoyens de 35 pays du monde ont une opinion globalement positive des Nations unies. C'est peut-être le meilleur argument pour continuer de soutenir une institution qui est la seule entité un tant soit peu susceptible de faire office de parlement mondial, en cette époque de crises - guerres, changement climatique, migrations et mouvements antidémocratiques.»

Le Monde (FR) /

Relancer le multilatéralisme

Dans son éditorial, Le Monde fait l'analyse suivante :

«L'escalade meurtrière entre Israël et le Hezbollah libanais met une nouvelle fois en évidence l'impotence des Nations unies. ... Deux conflits majeurs en cours, l'agression russe de l'Ukraine depuis février 2022 et la destruction de Gaza en représailles aux massacres sans précédent de civils israéliens par la milice du Hamas, en octobre 2023, ont mis en évidence la paralysie tragique de son échelon politique, le Conseil de sécurité, bloqué par les veto russes et américains. ... Le paradoxe est que l'abandon auquel semblent condamnées les Nations unies coïncide avec un nombre croissant de crises : implosion d'Etats, du Soudan à Haïti en passant par la Birmanie, pandémies, vagues migratoires, crise climatique. Et toutes appellent des réponses multilatérales.»

El País (ES) /

Avec Trump, aucune coopération internationale possible

Pour El País, l'issue de la présidentielle américaine sera décisive :

«Tant le présent que l'avenir – du monde et de l'ONU – semblent être moins tributaires d'un nouveau consensus multilatéral que de l'identité du prochain locataire de la Maison-Blanche. ... Comment, en effet, combattre la crise climatique sans le concours du second pollueur au monde ? ... Comment venir à bout de la faim dans le monde sans le soutien du premier donateur du Programme alimentaire mondial ? ... Une victoire de Harris ne résoudra pas les problèmes comme par magie. Mais avec un retour 'du feu et de la fureur' de Trump, beaucoup d'obstacles deviendraient proprement infranchissables.»