Budapest : polémique autour d'un grand projet de construction

Le gouvernement hongrois veut vendre un terrain de de 100 hectares, occupé par l'ancienne gare de fret Rákosrendező, au groupe immobilier émirati Eagle Hills. Un projet qui a entraîné un conflit entre la municipalité, administrée par l'opposition, et la majorité gouvernementale. Une régie communale dispose d'un droit de préemption sur ce terrain, et le Conseil municipal entend l'activer. La presse du pays débat elle aussi de ce projet pharaonique.

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Magyar Nemzet (HU) /

Une manne pour l'économie

Le quotidien pro-Fidesz Magyar Nemzet assure que cet investissement aura des retombées positives pour tout le pays :

«Des répercussions potentielles peuvent même être envisagées pour l'ensemble de l'économie : d'après le dernier plan en date, le promoteur pourrait investir douze milliards d'euros sur neuf ans – près de 5 000 milliards de forints –, ce qui pourrait générer une hausse de deux pour cent du PIB hongrois. Ce qui est important, du reste, c'est que cette somme pharamineuse accroîtra notamment les revenus des architectes hongrois et des entreprises hongroises du BTP.»

Magyar Hang (HU) /

Brader la ville par simple affairisme ?

Magyar Hang évoque la possibilité d'un enrichissement personnel de politiques liés à la majorité gouvernementale :

«Qu'est-ce qui a incité la Hongrie souveraine, et son gouvernement encore plus souverain, à céder une partie non négligeable du territoire de la capitale à une puissance étrangère ? Comment expliquer que le quartier de Rákosrendező se transforme en un mini-Dubaï, que les Emirats arabes unis altèrent le patrimoine mondial de l'humanité [la vieille ville de Budapest, classée à l'UNESCO] en construisant des gratte-ciel de plusieurs centaines de mètres de haut ? On peut bien entendu supposer que ces politiques ne songent qu'à leur porte-monnaie, mais cet affairisme, qui confine ici à la trahison, serait surprenant – même de la part des champions du système Orbán.»

hvg (HU) /

Les lois sont faites pour être respectées

C'était une erreur de croire que Budapest ne pourrait pas faire valoir son droit de réserve, estime le juriste et ex-secrétaire d'Etat Gábor Gadó, dans hvg :

«Le ministre de l'Economie, Márton Nagy, ne connaît pas les lois qui régulent le fonctionnement de l'économie. Il pense probablement qu'il est superflu de s'appesantir sur les lois, étant donné que la majorité gouvernementale peut à tout moment modifier la législation en fonction de ses propres objectifs – et ce de manière rétroactive si nécessaire. Sans parler de la marge d'interprétation considérable des règles juridiques. Mais dans la préparation d'une transaction immobilière d'une valeur de près de 51 milliards de forints [soit 125 Mio d'euros], examiner les lois de près devrait être un prérequis fondamental.»