Brexit : l'UE doit-elle transiger sur la question irlandaise ?
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a adressé à l'UE une lettre, dans une nouvelle tentative de convaincre l'UE de rayer de l'accord de sortie le backstop. Il a proposé de négocier des "accords alternatifs" visant à prévenir des contrôles à la frontière entre les deux Irlande. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, lui a adressé via Twitter une fin de non-recevoir. Les médias se demandent si l'UE pourra rester inflexible.
Les conservateurs ont le couteau sous la gorge
Pour Svenska Dagbladet, la lettre de Boris Johnson à la Commission européenne est avant tout un calcul politicien et son contenu ne peut guère être qualifié de sérieux :
«Si les Tories ne réussissent pas à mettre en œuvre le Brexit, ils seront broyés par le Parti du Brexit aux prochaines élections. C'est pourquoi un Brexit non encadré est la seule possibilité que le parti de Johnson puisse envisager. C'est une question de survie pour les Tories, et la variante la moins délétère consisterait à entériner le Brexit pour broyer le Parti du Brexit. Sans regarder à la casse. Telle est la situation. On se demande, bien entendu, combien de temps les Tories survivraient aux conséquences du Brexit. Mais c'est une tout autre histoire.»
Un compromis est encore possible
The Daily Telegraph pense que l'UE va mettre de l'eau dans son vin dans les semaines à venir :
«L'UE fera probablement une offre, par exemple réduire le backstop à 20 ans. Cette offre devra bien sûr être communiquée par le gouvernement irlandais, pour qu'on n'ait pas l'impression que d'autres Etats de l'UE aient fait pression sur un des plus petits pays. Il va sans dire que 20 ans serait inacceptable pour la Grande-Bretagne. Mais n'oublions pas que l'UE demande toujours la main entière quand elle veut un seul doigt. Même les personnalités de l'UE qui sont farouchement opposées à toutes concessions à Boris Johnson pourraient soutenir un plan B de cette nature. Celui-ci aurait au moins le mérite de garantir que l'UE ne soit pas tenue pour responsable des conséquences négatives d'un Brexit sans accord.»
Johnson se pose en défenseur du peuple
Résoudre le conflit avec Bruxelles n'est pas le véritable souci du Premier ministre britannique, écrit La Libre Belgique :
«Boris Johnson s'est lancé dans une partie de poker menteur à destination de son électorat. Il sait que l'Union européenne ne fera jamais marche arrière. Il sait que sa majorité parlementaire ne tient qu'à un élu et que son Parlement, dont certains élus, aussi bien travaillistes que conservateurs, appellent la convocation anticipée d'élections, se sent de plus en plus mal à l'aise face à la menace d'un no deal (trop) coûteux. Johnson prépare donc déjà le retour aux urnes. Il est en campagne, drapé dans la tenue du défenseur du peuple contre l'establishment eurocrate. Une posture traditionnelle pour certaines familles politiques, une posture qui a assuré le succès de Trump.»