Roumanie : les 20 ans du Parquet anticorruption
Fondé en 2002, le Parquet anticorruption (DNA) avait pour but d'améliorer le travail de la justice et de préparer la Roumanie à l'adhésion européenne. L'instance a notamment fait les gros titres lorsque le gouvernement et des cercles influents ont tenté de se débarrasser de sa procureur général, Laura Kövesi. Alors que celle-ci dirige aujourd'hui le Parquet européen, la presse nationale fait le bilan de l'action du DNA.
L'enthousiasme de jadis s'est évanoui
Le parquet anticorruption ne peut compter sur aucun soutien politique de poids pour mener à bien son travail, déplore le service roumain de Deutsche Welle :
«Le bilan du DNA après 20 ans d'activité nous apprend qu'il a mené 15 000 personnes devant les tribunaux, parmi lesquelles 400 maires, 160 juges, 60 membres de gouvernement, 2 Premiers ministres (Victor Ponta et Adrian Năstase) et 1 000 policiers. ... Le DNA a enregistré des résultats records lorsque [Laura Codruța] Kövesi (2013-2018) et Daniel Moraru (2005-2013) en étaient les procureurs généraux. Ses actuels responsables n'ont plus l'élan de jadis, car la lutte contre les grands corrompus ne bénéficie plus d'aucun soutien politique.»
Les contrôles de l'UE compensent les carences nationales
Sur le portail G4media.ro, le journaliste Dan Tapalaga se demande si le parquet anticorruption a atteint son objectif :
«Oui, en partie. Les efforts n'ont pas été vains, même si la Roumanie n'est pas parvenue à établir un DNA fonctionnel et cohérent sur plusieurs cycles électoraux. En réalité, le DNA n'a travaillé à plein régime que pendant dix bonnes années. C'est pourquoi le temps a manqué pour développer une véritable culture de lutte contre la corruption au sein de la société. ... Bruxelles a créé depuis plusieurs mécanismes qui conditionnent l'octroi des fonds européens au bon fonctionnement de l'Etat de droit ; il existe même aujourd'hui un Parquet européen, dirigé par [l'ex-cheffe du DNA, Laura Codruța] Kövesi.»