Vers une alliance d'extrême droite au Parlement européen ?
Seize partis de droite et d'extrême droite ont paraphé une déclaration visant à réformer l'UE. Ils exigent que les Vingt-Sept respectent la "liberté des nations" et reprochent à la Commission d'imposer ses règles aux Etats membres. La démarche est censée selon eux aboutir à la formation d'une alliance au sein du Parlement européen. Actuellement, ces partis appartiennent toujours à des groupes parlementaires bien distincts.
Un coup de bluff
L'alliance est encore loin d'avoir un impact quelconque, estime Népszava :
«La déclaration soit-disant politique publiée vendredi est une sorte de patchwork qui montre que ses signataires ont eu bien du mal à trouver des points d'accord. ... Ils sont incapables de dire comment ils entendent réformer l'Europe en pratique ... Il ne s'agit pas ici d'un véritable programme commun de tendance populiste. ... Ce à quoi nous assistons actuellement n'est rien d'autre qu'une esbroufe politique.»
Un combat préventif
La Repubblica invite à ne pas sous-estimer la portée que pourrait avoir la charte :
«En premier lieu parce qu'elle pourrait servir de fondement à la constitution d'une fraction commune réunissant l'ensemble des mouvements d'extrême droite au Parlement européen, même si une telle alliance serait difficile à mettre en place. ... Deuxièmement, parce que cet appel anti-UE a le mérite de mettre sur la table un sujet hautement sensible : le non-dit ambigu sur lequel l'UE a fondé sa survie et son développement depuis les années 1990 et la signature du traité de Masstricht. Dans le cadre de la Conférence sur l'avenir de l'Europe engagée ces derniers mois et à laquelle les gouvernements et le Parlement vont participer, la charte ultra-conservatrice s'apparente à une mesure préventive pour empêcher toute discussion sur l'abolition du droit de veto.»
Bruxelles a de quoi s'inquiéter
Mediafax établit un parallèle avec les grandes fractures idéologiques aux Etats-Unis :
«Alors que le pays est miné par une guerre idéologique entre cosmopolites et patriotes (libéraux contre conservateurs ou démocrates contre républicains), les camps commencent tout juste à se profiler au plus haut niveau de l'exercice politique en Europe. Les moutons noirs que sont la Hongrie et la Pologne semblent avoir enfin trouver des alliés. ... La bataille promet d'être livrée avec autant de férocité qu'aux Etats-Unis. Les signataires de la déclaration souhaitent organiser une rencontre à Varsovie en septembre : de quoi donner des sueurs froides aux dirigeants à Bruxelles.»