Espagne : la ministre du Travail lance une alliance de gauche
La très populaire ministre du Travail Yolanda Díaz a officialisé dimanche sa candidature aux législatives de décembre 2023, souhaitant devenir la première femme cheffe du gouvernement en Espagne. Elle conduira la formation Sumar, une plateforme qu'elle vient de créer en vue de combler ce qu'elle appelle "l'espace à la gauche du PSOE". Forte du soutien de plus de dix formations de gauche, elle devra néanmoins se passer de celui de Podemos, parti qu'elle représente au sein du gouvernement de coalition, sans toutefois en être membre.
Díaz brigue le poste de Première ministre
La Vanguardia accorde beaucoup de crédit à Yolanda Díaz :
«A l'heure actuelle, la position de Díaz semble déjà très solide. Elle est sortie revigorée du débat sur la motion de censure, elle fait partie des ministres les plus en vue, elle a le soutien du Premier ministre Pedro Sánchez. ... Yolanda Díaz attend toujours son tour, sachant pertinemment que la gauche fait peau neuve et change de leadership à intervalles réguliers. ... Il est pertinent de penser que leur espace politique sera un jour représenté par un autre parti au Congrès. C'est exactement ce à quoi Sumar aspire. A cela et, comme Yolanda Díaz l'a annoncé hier, à diriger le pays.»
Un projet plein de promesses
El País conseille à la ministre du Travail de faire preuve de beaucoup de doigté :
«Yolanda Díaz a conservé un ton solennel, a évité l'agressivité rhétorique, a défendu le dialogue et la négociation comme des éléments essentiels de la politique et en a appelé à 'repenser l'Etat providence'. ... La candidate recherche la transversalité du Podemos des débuts, mais en remisant son narratif du peuple contre la caste pour un appel à la 'politique utile'. ... Le plus dur reste encore à faire. Sera décisive la relation qu'elle entretiendra avec Podemos à l'avenir. ... Il faut du courage et de l'ambition aux deux camps pour renforcer une plateforme, forte hier encore du soutien populaire et porteuse d'un projet de gauche prometteur, susceptible de changer la donne.»
Du populisme de gauche et rien d'autre
El Mundo n'approuve nullement cette idée :
«L'instabilité qui pourrait en résulter pour le gouvernement tripartite espagnol est évidente et d'autant plus grave, compte-tenu des défis auxquels la société espagnole est confrontée. A l'instar de Pedro Sánchez, Yolanda Díaz considère sa position au sein de l'exécutif comme un tremplin électoral, ce qu'elle a clairement exprimé hier. Son objectif est de faire renaître un Podemos sans Podemos, et en ce sens, le programme qu'elle a exposé dans son long discours est une addition des travers du populisme de gauche.»